Si l'Etat va au bout de ses convictions, qui sont de ne plus aider le professionnalisme à partir de la fin de 2018, on imagine le désordre que cela va créer dans ce secteur si décrié. Le professionnalisme dans le football en Algérie est promis à un sombre avenir. Depuis qu'il a été instauré en 2010, il n'a eu de cesse de vivre grâce aux aides de l'Etat. Dès les débuts chaque club avait pu acquérir un bus. Il avait pu, par la suite bénéficier de la prise en charge de ses frais de déplacement des équipes à l'intérieur du pays, des frais d'hébergement des jeunes catégories et de 50% de réduction des billets d'avion concernant les déplacement à l'étranger. On ajoutera que chaque club obtenait, chaque année, de la part des services de l'Etat de la somme de 2,5 milliards de centimes pour ses besoins quotidiens. Toutes ces aides vont disparaître à partir de l'année prochaine comme précisé quand le professionnalisme a été instauré. Cela veut dire que les clubs vont pouvoir s'appuyer sur l'Etat durant une seule saison, la prochaine, avant de voir le robinet se fermer. Ces aides avaient été accordées conformément aux dispositions de l'article 251 de la loi 13-05 sur le sport qui stipule que «le club sportif professionnel peut sur la base d'un cahier des charges, bénéficier de l'aide et de la contribution de l'Etat et des collectivités locales durant une période de cinq (5) années à compter de la publication de la présente loi au Journal officiel. Cette aide est accordée sous forme, notamment de concours financiers, de mise à disposition de personnels d'encadrement, d'exploitation d'infrastructures sportives, d'accès au foncier et de bénéfice de prêts bancaires.» La loi ayant été promulguée en 2013, les délais prescrits par cet article 251 arrivent à expiration en 2018. Il faut ajouter qu'en avril 2010, s'est tenu un Conseil interministériel consacré au professionnalisme, Conseil qui avait préconisé la mise en place d'un comité de suivi de cette aide de l'Etat. Ce comité n'aurait jamais vu le jour. Voilà de quoi donner des inquiétudes aux dirigeants de clubs. Mais le sont-ils vraiment ? Malgré d'immenses problèmes, une vie de tous les jours extrêmement stressante, une ambiance souvent malsaine et injurieuse, ils sont toujours là, s'accrochant coûte que coûte au fauteuil de président. Cela laisse supposer que ces dirigeants semblent rassurés du moment qu'ils se disent que l'Etat ne les lâchera jamais. Nous ne connaissons que trois clubs où des investisseurs privés sont intervenus : l'USM Alger, la JSM Béjaïa et le Paradou AC. Les autres sont redevables à l'Etat et à ses subventions. Une pratique qui ne devrait pas exister du moment que nous avons affaire à des sociétés sportives commerciales privées. Mais l'Etat le fait pour soutenir le football en tant que sport à la dimension sociale reconnue. Il le fait pour aider les jeunes à s'émanciper et à faire du sport. Mais cet objectif n'est pas atteint. 80% de l'aide octroyée par les pouvoirs publics sont investis dans la prise en charge de l'équipe senior. Une situation qui n'émeut personne. Pourquoi l'être du moment que notre émigration sera toujours là pour déléguer ses enfants afin qu'ils jouent en équipe nationale et remédier au problème posé par la pauvreté de la qualité du football local ? Si l'Etat va au bout de ses convictions, qui sont de ne plus aider le professionnalisme à partir de la fin de 2018, on imagine le désordre que cela va créer dans ce secteur si décrié. C'est la sonnette d'alarme qui est tirée pour le sport numéro un du pays.