La première de la 39e édition du Festival international de Timgad s'est bien passée. Le chanteur Cheb Khaled a réussi à drainer des centaines de festivaliers et adeptes de la musique raï. La soirée inaugurale du 6 juillet 2017 aurait pu pulvériser les anciens records, si elle était bien médiatisée. La folle ambiance, qui s'emparait de la ville de Timgad, comme autrefois, quelques heures avant l'ouverture officielle du Festival international de Timgad, n'était pas au rendez-vous. La ville a commencé à connaître sa fièvre, juste après le débarquement des autorités et l'annonce de la cérémonie d'ouverture du 39e Festival international de Timgad s'est tenue jeudi, le 06 juillet 2017, après les coups de vingt heures. A l'intérieur de l'enceinte, mis à part les jeux de lumières d'animation et les sonorités diffusées, à je ne sais combien de décibels, à vous crever les tympans et à trembler le site archéologique de Thamugadi, qui est tout à côté. Les festivaliers et les invités n'avaient qu'à digérer tout lentement leur ennemi et à compter les étoiles en attendant que les organisateurs se décident à donner le coup d'envoi. Il commençait à faire tard. Les petits enfants commençaient à dormir dans les bras de leurs mères. Enfin la délivrance ! C'est l'annonce du coup d'envoi de la 39e édition. Un discours fastidieux que personne n'écoute. Même certains élus et responsables étaient en train de discuter et ne faisaient pas attention à ce qui se dit. Tout le monde s'emmerde et fait le poli. On sourit à pleins dents pour ne pas rugir. L'électricité était dans les airs. Tout le monde est à bout, mais on donne à fond pour faire réussir le Festival international de Timgad. L'ONCI veut réussir le festival avec " bezzi bel maa " (sans dépenser). Tout le monde vous confie qu'il en a marre et désire que les choses changent, si l'on veut vraiment que le Festival international de Timgad ne reste pas budgétivore et qu'il devient rentable culturellement, socialement et économiquement. «Il est temps que la wilaya de Batna décide de lui donner sa dimension internationale en mettant les moyense, nous confient les gens d'ici. Pour entamer cette 39e cérémonie d'ouverture, c'est la troupe de Sebaha (ou de Rahaba, comme mentionne le programme) accompagnée de percussionnistes (joueurs de bendirs) qui exécute des pas de danse et des chants traditionnels typiquement des Aurès. Quelques nostalgiques leur répondent par des ovations pour les remercier pour les efforts accomplis. Le public commence à s'impatienter et réclamer le King…. C'est tard ! Certaines familles qui avaient certainement payé leurs billets ont commencé à évacuer les lieux. L'image qui restera certainement de cette cérémonie d'ouverture du 39e ce sont ces jeunes et ces familles, qui ont déferlé sur la ville et qui ont failli remplir les gradins du site… pour vivre le temps d'une heure et demie avec leur star… Cheb Khaled est enfin annoncé… C'est le tonnerre des applaudissements et des sifflets. Ambiance chaleureuse Ouf ! C'est Cheb Khaled. L'arène exulte ! Les décibels de la musique populaire du raï couvent le site du festival et transportent ces centaines de jeunes dans les danses et les chants. C'est l'extase, c'est la folie. Pour sa troisième participation au Festival international de Timgad, le chanteur Cheb Khaled a réussi à drainer le public et transporter les jeunes qui se sont bien défoulés. La star a stimulé la foule par ses anciens titres de ses anciens albums. Pour le nouveau, il promet aux gens de la presse qu'il sera à la prochaine édition. Il a même chanté avec le public tout heureux qui était venu en grand nombre… Malgré l'absence d'un réel tapage médiatique. Dans un théâtre presque plein, il aurait été encore mieux s'il y avait de la publicité. L'ambiance était chaleureuse et conviviale. Dès l'entrée sur scène du théâtre de Timgad du King Khaled, le public s'époumone. Les jeux de lumière, la disposition des artistes sur scène, leurs costumes confèrent une atmosphère envoûtante presque mystique au concert. Il avait joué presque tous ses titres qui ont enchanté le public. La soirée d'ouverture du festival aurait pu être meilleure et richement réussie, si les organisateurs de l'ONCI avaient donné les moyens. Certes, les festivaliers regrettent le manque de folie et d'insouciance, que se réservent sûrement pour les prochaines soirées. Le Festival international pourrait encore inciter ou drainer des milliers de touristes, de festivaliers et d'adeptes de la musique si les organisateurs de l'ONCI accorderaient une importance capitale à sa programmation artistique, à la médiatisation pour développer des projets plus créatifs sans ôter l'ambiance de fête si particulière et l'identité originelle de cette ville chargée d'histoire, des monuments historique et des sites touristiques. Le dispositif sécuritaire qui assure le bon déroulement de la 39e édition du Festival international de Timgad veille au grain pour recevoir les festivaliers est à féliciter… Certes, le nombre de personnes mobilisées ne nous a pas été divulgué, mais il quadrillait le terrain ou le site où se déroule le festival et montre la capacité de la wilaya de Batna dans l'organisation de telles manifestations. Batna a tous les atouts pour organiser cette fête à l'envergure internationale, et le wali et les élus de la wilaya devraient y penser. Le festival a perdu son ombre Quelques photocopies collées sur les murs du lycée Les Frères Lamrani, à quelques pas à l'est de l'hôtel de Chelia où le commissariat du festival et le personnel de l'ONCI ont établi sa base, rien n'indique vraiment qu'on est à la veille du Festival de Timgad… Intimidé par son voisin le Festival de Carthage, en Tunisie, le FIT semble mourant et incapable de faire autant de bulles médiatiques. Etat des lieux : le Festival (international) de Timgad a perdu son ombre ! «Kech'ma Ebka Festival de Timgad… Rab'bi Yahdik», répliquent les gens de Batna, lorsque vous leur demandez leurs avis sur le Festival international de musique de Timgad. Tout le monde est conscient que cet événement culturel de dimension internationale a non seulement perdu son ombre, mais agonise. Non à un problème financier, mais à une grave crise de confiance généralisée envers un commissariat du festival fermé à toute idée de concertation et visiblement peu enclin à une saine autocritique (voir le communiqué final de l'événement d'un triomphalisme proprement indécent passé hier sur les antennes de la radio locale), arrogance à l'égard d'une presse pourtant généralement conciliante, grogne croissante du public, dégradation de l'image du festival sur la scène nationale, voire inconnue sur la scène internationale, et surtout manque de rigueur d'une programmation, qui laisse à désirer. Nul ne contestera qu'à l'issue de sa 38e édition, le Festival (international) de musique de Timgad ressemble à une de ces foires du tout-venant culturel qui aurait irrémédiablement perdu son ombre. La crise ne date pas d'hier, mais elle a connu ces dernières années une telle ampleur que la presse dans son ensemble en a abondamment fait état. Le point de non-retour Un point de non-retour semble désormais atteint et le moment est venu de crever l'abcès. Face à la pauvreté du programme proposé, le public du Festival de Timgad n'a qu'à comparer avec son voisin le Festival de Carthage en Tunisie. Toutes les justifications et les arguments ne sauraient en aucun cas excuser toutes les inconséquences de cette édition. De toute évidence, l'heure est au bilan. Pour sortir de l'impasse, il faut passer aux actes et changer de cap. Il est plus que temps de donner de nouvelles assises au festival et, ses voies étant impénétrables, on doute fortement que le commissariat actuel soit à même de mener à terme la restructuration complète qui s'impose. En premier lieu, lumière doit être faite sur les finances du festival et l'utilisation des fonds publics octroyés par les organismes qui subventionnent. Dans le même souffle, on est en droit de s'interroger sérieusement sur le rôle du festival ou ses objectifs. Ombre au tableau à éclaircir parmi tant d'autres : comment ce festival que l'on prétend déficitaire alors qu'il a un budget en plus des subventions glanées par-ci par-là? Dans un même souci de transparence, un certain nombre d'autres questions désormais incontournables doivent être posées. Est-il essentiel que la wilaya de Batna maintienne artificiellement en vie ce Festival international de musique de Timgad chroniquement déficitaire au détriment de la culture chaouie et auréssienne dans le seul but de demeurer un festival ? Par ailleurs, est-il vraiment nécessaire que le Festival de Timgad s'enferme dans une logique stérile du toujours plus avec, comme objectif, de conserver son rang quelque peu dérisoire ? Cette stratégie a démontré et il faut la dénoncer qu'elle était totalement suicidaire. Le Festival international de Timgad est en déclin et il faut d'urgence redresser la barre. Dans le contexte actuel de crise, c'est toute l'orientation et la structure du festival qui sont à repenser. Le commissaire Lakhdar Bentorki est-il en mesurer de le faire ? A compter déjà combien d'années se sont déroulées et rien n'est fait, j'en doute. Le Festival international de musique de Batna pour l'intérêt de la région doit réviser son tir, à moins que la population de Batna n'est pas mûre et ne connaît pas son intérêt. Le Festival international de musique de Timgad doit devenir un lieu d'échanges, un carrefour d'idées, bref être vivant et vivre la culture dans la wilaya de Batna au lieu de se contenter d'être la vitrine du m'as-tu vu sans doute généreuse mais ruineuse. C'est à cette même mobilisation que beaucoup en appellent aujourd'hui pour que le Festival international de Timgad échappe au désastre vers lequel l'achemine tranquillement le commissariat actuel et reparte sur de nouvelles bases, plus en accord avec l'image que l'on est en droit d'attendre d'une véritable fête culturelle. Compte tenu de la réalité des Aurès, il est vital que ce festival survive, les Aurès étant sans contredit, de l'avis de tout le monde, le lieu de la culture, de la musique par excellence en Algérie.