De notre envoyée spéciale à Timgad Fella Bouredji Une bouffée d'oxygène pour les Batnéens et pas seulement ! Le Festival de Timgad réinvestit une Batna quelque peu déserte en manifestations culturelles durant l'année pour la remplir de sons, de couleurs et de fête. C'est effectivement dans une ambiance festive que s'est ouverte mercredi dernier la 30ème édition du Festival international de Timgad. Une première soirée qui a drainé une foule batnéenne ayant su faire preuve d'enthousiasme. Et pour cause, le spectacle d'ouverture leur en a mis plein la vue. Après les discours du wali de Batna et du représentant de la ministre de la Culture soulignant l'importance de cette manifestation, des discours qui n'ont d'ailleurs pas captivé grand monde parmi un public impatient de se défouler, c'était le tour du grand moment de la soirée : 5 minutes de feux d'artifice. Des instants de féerie qui ont arraché l'assistance à sa plate réalité. Le temps s'est arrêté pour ces centaines de citoyens venus oublier un quotidien souvent difficile. Il ne restait à Timgad que ces éclats de bonheur qui ont rempli le ciel. Des couleurs qui plongent dans l'euphorie et la joie les plus épurées. Le théâtre romain situé au cœur de la ville était archi-comble et les feux d'artifice ont déversé une joie magique sur le site. Le public était segmenté en trois catégories, les officiels en bas de la scène, les familles aux étages des gradins, les jeunes, effrénés, étaient installés en haut des gradins. Des jeunes qui étaient tout heureux d'arracher enfin leur droit à la joie. En fait, ces jeunes Batnis ont été privés de spectacles lors des éditions précédentes à cause de la cherté des billets (500 dinars). Cette année, les billets coûtent moins cher : 300 dinars. De plus, la grande majorité des jeunes n'ont pas eu à payer leur entrée. Les organisateurs ayant décidé à la dernière minute de les laisser entrer gratuitement… Une ouverture aux couleurs maghrébines Place donc aux artistes de la soirée d'ouverture consacrée à la musique maghrébine. C'est une troupe locale, de N'gaous, qui ouvre le bal avec des chants purement bédouins et le ballet de l'Office national pour la culture et l'information (ONCI), organisateur de l'événement, qui a multiplié les danses traditionnelles. Les artistes étrangers gagnent la scène un peu plus tard. D'abord la troupe marocaine Tagada, ensuite la troupe tunisienne Djerba, qui ont toute deux offert un aperçu de leurs patrimoines folkloriques respectifs sur des rythmes qui ont fait danser le public batnéen durant des heures. Le Festival de Timgad est bel et bien parti et la première soirée a donné le ton. De la fête, de la fête et encore de la fête ! Et le public a fait preuve du même entrain pour la deuxième soirée qui s'est déroulée jeudi dernier. Celle-ci était plus variée que la soirée d'ouverture mais tout aussi joyeuse. Des sonorités orientales et du raï pour la seconde soirée Sur scène, Nour Mehana, un chanteur syrien venu pour la première fois en Algérie, a-t-il précisé lors d'un point de presse organisé quelques instants avant son entrée sur scène, pour chanter «le rêve arabe», seule voie d'engagement possible, selon lui. Des chansons d'amour qui ont fait chavirer l'auditoire de mélancolie et de romantisme poétique. Après avoir été interprété par des voix reconnues de la chanson arabe telles que Souad Mohamed ou encore Khaled Agag, le chant égyptien, wahacheteni, a captivé le public par le biais de la voix puissante et mélismatique de Nour Mehana. D'autres titres tels que Hibi Ih de Oum Kaltoum ou encore Ya djamel el houb el awal ont rendu compte de la finesse d'une musique unique au monde. Des sonorités orientales, des percussions entraînantes et des textes lyriques qui nous laissent hésitants entre les utopies savoureuses de l'amour et les tristes reliquats des bonheurs perdus… Place ensuite à un genre bien algérien. Encore de l'amour, mais cette fois en raï par la voix chaude et bien timbrée de cheb Mohamed Lamine et de la cheba Sihem. L'engouement du public a été unique sur cette musique qui porte si bien leurs préoccupations quotidiennes et leur besoin de se défouler. Et pour clôturer la seconde soirée du festival, un peu de chaoui avec Halim Chiba qui a mené l'euphorie à son comble. Ainsi, le Festival international de Timgad est bien parti et se poursuivra jusqu'au 18 juillet prochain avec sur scène des artistes incontournables : cheb Khaled, Salsa Celtica, Triana d'Alger, Wael Jassar, Amadou et Myriam, Shéryfa Luna, Zaho, Latifa Larfaoui et Djmawi Africa… C'est Nawal Zorbi qui montera sur scène ce soir pour continuer à embaumer les cœurs avides de lumière des Batnis. F. B. Encadré : black-out communicationnel La 30ème édition du Festival de Timgad a bien été lancée même si certains problèmes d'organisation auxquels les Algériens sont maintenant habitués persistent. Mais ce qui constitue la grande déception de cette année est le black-out communicationnel que cultivent les organisateurs. Pas de dossiers de presse et les informations sont données au compte-gouttes. Le commissariat du festival a annulé la conférence de presse censée informer les journalistes à l'ouverture du festival et l'accès aux coulisses a été interdit au début de la manifestation mais l'insistance des journalistes aura eu raison des restrictions des organisateurs soucieux de se préserver. Il faut encore souligner que le programme, peu détaillé, présenté sur une page avec des passages difficilement déchiffrables car écrits à la main, entache la grandeur de cette manifestation… Les organisateurs ne sont-ils pas conscients que la communication est capitale pour la promotion de ce genre d'événements ?