La population du Rif, au Maroc, continue à exprimer sa colère malgré la répression exercée par les autorités qui ont interdit la manifestation programmée pour aujourd'hui du mouvement Hirak. Le droit au travail et d'autres revendications sociales exprimées par la population du Rif, au Maroc, motivent la détermination du Hirak à défier la décision prise par les autorités du Maroc d'interdire la manifestation d'aujourd'hui. Hirak, une mouvance qui réclame des mesures de développement dans cette zone enclavée du nord du pays, exige également la libération des prisonniers détenus depuis le début de la crise. En tout 176 manifestants sont en détention, selon les chiffres officiels. D'autres ont déjà été condamnés à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison ferme. Depuis la prison où il est incarcéré, Nasser Zefzafi, l'un des principaux leaders du mouvement, a lancé un appel à manifester aujourd' hui dans la ville d'Al Hoceïma. Mais la préfecture a décidé d'interdire l'évènement avec l'appui des partis de la majorité gouvernementale. «On risque d'aller à la confrontation», confie ainsi un avocat du mouvement. L'appel est toujours largement diffusé sur les réseaux sociaux. Au début de la saison touristique, il y a deux semaines, les autorités ont annoncé le «retrait progressif» des forces de l'ordre dans les principaux lieux publics d'Al Hoceïma. Elles ont aussi annoncé un plan d'urgence pour relancer l'économie dans la région. Des mesures qui n'ont visiblement pas suffi à éteindre l'incendie du Rif. La manifestation interdite par les autorités du Maroc peut engendrer une répression dénoncée par des organisations non gouvernementales. De nombreux partisans du mouvement Hirak ont été emprisonnés depuis quelques mois, après que la population du Rif eut exprimé sa colère face aux dures conditions sociales. Des marches ont été organisées dans d'autres provinces du Maroc, dont Rabat, en solidarité avec la population d'Al Hoceima. Le pouvoir du Maroc est accusé de réprimer la population, et des confrontations ont opposé au mois de Ramadhan des policiers aux protestataires. Depuis octobre 2016 et le décès d'un jeune marchand de poisson du pays, Mouhcine Fikri, broyé dans une benne à ordures alors qu'il tentait d'empêcher la destruction de sa marchandise saisie par la police, la mobilisation n'a jamais cessé à Al-Hoceima et dans plusieurs localités alentour. Elle s'est même durcie. Si les premiers cortèges exigeaient que justice fût rendue pour la mort du jeune Rifain, les rassemblements se sont rapidement mués en un mouvement plus large de revendications économiques et sociales en faveur de cette zone enclavée. La contestation populaire était pacifique jusqu'au jour où la police du Maroc avait lancé une répression contre les protestataires revendiquant l'amélioration de leurs conditions économiques, dont la lutte contre le chômage. La manifestation d'aujourd' hui, interdite par les autorités du Maroc, est maintenue par le Hirak.