Selon les dernières statistiques communiquées par le service de toxicologie du CHU de Constantine, les médicaments les plus souvent identifiés lors des expertises médico-légales sont le Tranxène et le Rivotril, appelés les benzodiazépines, avec un taux de 58,58%. En seconde position viennent les barbituriques comme le Gardénal avec 13,08%, et les antidépresseurs avec un taux de 11,92%. Ces résultats illustrent bien l'ampleur de la toxicomanie dans notre société, et qui se traduit par un usage répété et excessif d'une ou plusieurs substances toxiques (analgésiques et/ou psychotropes) sans justification thérapeutique. La toxicomanie est une envie irrépressible de consommer le produit avec une tendance à augmenter les doses, une dépendance psychologique et parfois physique et des conséquences néfastes sur la vie quotidienne. Selon le Pr Belmahi, chef de service de toxicologie du CHU, «il est temps de prendre des mesures strictes pour parer à ce phénomène de plus en plus inquiétant car les expertises effectuées quotidiennement ne laissent aucun doute sur les proportions alarmantes que prend ce fléau car l'on a recensé dans le cadre de la médecine légale 84,21% de cas de consommation de psychotropes et 15,79% de cas recensés dans le cadre des urgences». Sur le nombre total de patients recensés, l'on trouve 68,42% d'hommes face à 31,57% de femmes, et dans 55,72% des cas, ces malades ont recours à une association d'autres produits comme l'alcool et le cannabis. 44,19% ne prennent que des psychotropes. Sur un autre registre, les toxicomanes se multiplient d'année en année alors que les centres de prévention et de psychothérapie existants sont incapables de les prendre en charge. Avec la déperdition scolaire ou près de 500 000 enfants quittent l'école pour rejoindre la rue, il est temps de mettre en application une stratégie nationale à même de permettre aux psychologues et sociologues de traiter ce phénomène. Les inadaptés sociaux doivent être pris en charge dans des centres spécialisés loin des hôpitaux qui ne sont pas équipés en accessoires éducatifs nécessaires au traitement des effets de la drogue. Il est à préciser que l'année 2009 est l'année des records en matière de saisies des drogues. Selon le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONCLDT) Abdelmalek Sayah «le pays va vers une catastrophe si on ne conjugue pas tous nos efforts pour lutter contre ce fléau de la drogue, celui-ci étant l'affaire de tout le monde». Un centre de désintoxication au CHU On apprend de sources hospitalières que le CHU sera doté bientôt d'un centre de désintoxication dont l'assiette a été retenue dans sa partie haute, à proximité de la maternité. Pour ce projet, une enveloppe financière de 5 milliards de centimes vient d'être dégagée. La réalisation de ce centre de désintoxication a été décidée à l'intérieur du CHU et non au niveau de l'établissement hospitalier spécialisé (psychiatrie) de Djebel Ouahch car toxicomanie et maladie mentale étaient deux choses totalement différentes. Cette nouvelle structure sera construite en R+2 et comprendra plusieurs unités de soins et plateaux techniques avec plusieurs laboratoires d'analyses. Ce centre sera dédié aux patients toxicomanes qui y seront soumis à une cure de désintoxication. Il sera appelé centre intermédiaire (CIST) ou interdisciplinaire du fait qu'il implique la collaboration et la concertation de plusieurs services pour la prise en charge des patients admis pour le traitement qu'ils sont venus chercher volontairement. Enfin, il faut noter qu'au programme de réalisation de la direction de wilaya de la santé, sont inscrits également deux centres similaires, dont un à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, et le deuxième au Khroub.