La compagnie aérienne Air Algérie fait face désormais à la directive 2008/101/CE du Parlement européen et du conseil du 19 novembre 2008 stipulant l''intégration des activités aériennes dans le système communautaire d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre. Autrement dit, ces compagnies étrangères à l'UE doivent s'intégrer dans le marché aérien du carbone. Ce marché a été mis en place en 2005. Au début, il ne concernait que les secteurs de l'industrie et de l'énergie. L'Union européenne a décidé de l'élargir aux compagnies aériennes. Cette directive ne respecte ni le protocole de Kyoto, concernant la lutte contre le réchauffement climatique, ni le règlement de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). Cette directive impose à chaque compagnie étrangère à l'UE de se rattacher à une autorité européenne. La France a à présent l'autorité sur plus de 400 compagnies aériennes, dont celles du Nord-Africain, à savoir l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, l'Egypte et autres pays. Les compagnies aériennes sont appelées par ailleurs à établir un plan de suivi et de surveillance de leur émission de gaz à effet de serre et le transmettre aux autorités européennes désignées avant le 31 août 2009. Ces dernières peuvent le valider ou carrément le rejeter. Les plans approuvés doivent être respectés à partir de janvier de 2010, alors que la directive européenne devrait être mise en vigueur à partir de janvier 2012. Les responsables d'Air Algérie concédèrent que cette décision est purement politique, «d'autant plus que notre compagnie aérienne a renouvelé sa flotte et notre pays n'est pas concerné par le protocole de Kyoto», précisent-ils. Pour rappel, le protocole de Kyoto propose un calendrier de réduction des émissions des six gaz à effet de serre qui sont considérés comme la cause principale du réchauffement climatique ces cinquante dernières années. Il comporte des engagements absolus de réduction des émissions pour 38 pays industrialisés, avec une réduction globale de 5,2% des émissions de dioxyde de carbone d'ici à 2012 par rapport aux émissions de 1990. Air Algérie, selon son président directeur général, Wahid Bouabdallah, est la première compagnie aérienne arabe et africaine ayant initié un mouvement pour dénoncer cette décision. «Une initiative qui a été soutenue par les associations du transport aérien arabes et africaines», a déclaré hier M. Bouabdallah en marge d'un séminaire sur le réchauffement climatique organisé à Alger. Des négociations ont été entamées au niveau de l'Association internationale du transport aérien (IATA) et de l'OACI qui sont contre cette directive. Le PDG d'Air Algérie a souligné la nécessité de s'organiser au niveau régional, affirmant que «nous devons nous organiser au niveau arabe et africain sinon nous n'avons qu'à nous plier, sachant que 80% de nos vols sont effectués vers l'Europe», avant de conclure qu'«au niveau gouvernemental on refuse cette approche mais l'instruction s'impose toujours».