Le constat alarmant sur la situation financière du pays, dressé par le gouvernement dans son plan d'action, inquiète les partis politiques qui appellent à des mesures urgentes pour éviter au pays un scénario catastrophique. Le Parti des travailleurs (PT) a toujours avertit contre la récession économique vers laquelle se dirige le pays. Son porte-parole, Djeloul Djoudi, contacté hier par nos soins, estime que le gouvernement a les moyens de récupérer l'argent public détourné sous plusieurs formes. Il appelle à la récupération des « 12 000 milliards de DA d'impôts non recouvrés » qui peuvent, couvrir selon lui, le budget de fonctionnement et d'équipement de l'Etat pendant deux ans. Pour faire face à la crise, notre interlocuteur plaide également pour la récupération de « 8 000 milliards de DA de crédits bancaires » détenus par les banques auprès des investisseurs, l'arrêt des cadeaux accordés «aux pseudo-investisseurs » et de la surfacturation. « Le gouvernement a les moyens de récupérer cet argent, pour peu qu'une volonté politique concrète existe. Cela permettra aussi de relancer les projets gelés et de répondre aux attentes sur le plan social », a-t-il soutenu. De son côté, le RCD a réagit au constat amer d'Ouyahia à l'occasion d'une réunion de son secrétariat national. « Le sombre tableau dépeint dans le projet du plan d'action du gouvernement ne sert qu'à illusionner et leurrer l'opinion publique pour faire passer des mesures antisociales après avoir testé d'autres artifices de replâtrage qui ont échoué comme l'emprunt obligataire ou les tentatives d'intégrer l'argent de l'informel dans la sphère légale », souligne le parti de Mohcine Belabbas dans un communiqué sanctionnant les travaux de la réunion. Pour le RCD, l'objectif du gouvernement à court terme est « d'alimenter les circuits de la rente pour rassurer les clientèles, payer une partie de la dette intérieure et différer les difficultés ». Il affirme que l'économie algérienne a besoin de réformes structurelles que le pouvoir s'est entêté à ne pas engager durant quinze ans de disponibilité sans précèdent des ressources financières. Le parti ajoutera que « la construction d'une économie performante a besoin d'institutions crédibles, d'une stratégie issue d'un consensus avec des objectifs annoncés et d'une allocation transparente des ressources ». Spirale dangereuse Talaie El Houriyat de l'ancien chef du gouvernement, Ali Benflis, a réagit, lui aussi, au plan d'action du gouvernement et la décision de recourir à la planche à billets afin de couvrir le déficit du Trésor public. Il a pointé, dans un communiqué rendu public hier, l'incapacité du gouvernement à gérer la crise financière qui frappe de plein fouet le pays. Pour le parti de Benflis, la décision de recourir au financement non conventionnel mettra l'Algérie « dans une spirale dangereuse ». Cette décision « mènera inéluctablement à l'explosion des prix, à une incontrôlable dévaluation du dinar et à une inflation », a-t-il avertit. Pour sa part, le FLN qui détient la majorité au sein du Parlement, avec le RND, ne manquera pas de soutenir le plan d'action du gouvernement. Le chef du groupeari, rappelle que la loi de finances 2017, qui avait suscité des débats houleux à l'APN, a été votée avec des prévisions qui s'étalent sur trois années, vu la situation économique difficile que vit notre pays. Comprendre : le plan d'action du gouvernement qui reconnaît la situation financière très délicate du pays est une suite de la loi de finances 2017, intervenue dans un contexte de crise économique mondiale et la chute drastique et durable des prix du pétrole, ce qui a grandement affecté l'Algérie. « Depuis 2016, des mesures ont été prises pour faire face à la situation et les résultats positives sont visibles parce que notre pays résiste à cette crise. Ce qui a été confirmé par les instances internationales notamment le FMI et la Banque mondiale », indique notre interlocuteur. Mais, pour lui, ces mesures sont des solutions à court terme. Les solutions à long terme résident, selon lui, dans l'investissement national et étranger qui permettra une véritable relance économique au cœur de laquelle la création de la richesse restera l'objectif principal. Pour se faire, il est nécessaire, affirme M. Lakhdari, d'améliorer le climat des affaires et d'engager la réforme du système bancaire et financier. « L'exploitation intelligente des ressources humaines ainsi que la préservation de la double stabilité sociale et politique resteront, cela va de soi, les piliers de toute réussite des réformes économiques», a-t-il conclu.