L'activité économique en stagnation durable doublée d'une chute des prix de l'or noir risquent de plonger le pays dans une crise encore plus aigue que prévu. Un rapport de la Banque mondiale alerte sur l'effondrement des équilibres budgétaires et les conséquences d'une telle situation sur les populations seront fortement ressenties. Selon les prévisions contenues dans le dernier rapport de suivi de cette institution, la situation économique en Algérie risque d'impacter négativement les ménages alors que «la pauvreté pourrait légèrement progresser au cours de la période 2017/2019». La Banque mondiale prévoit une croissance du Produit intérieur brut (PIB) réel de 1,4% en moyenne au cours de la période 2017-2019. En 2016, l'Algérie a connu une croissance relativement forte, principalement sous l'effet du rétablissement de la production d'hydrocarbures, dont l'impact a plus que compensé le ralentissement de la croissance du PIB hors hydrocarbures. Le produit intérieur brut avait enregistré une croissance estimée à 3,5 % en 2016. Les choses risquent toutefois d'être plus compliquer dans un proche avenir. « À moyen terme, la croissance et les déficits jumeaux devraient brusquement diminuer sous l'effet de l'assainissement des finances publiques lancé par le gouvernement. La baisse du taux de croissance du PIB par habitant qui en résulterait pourrait avoir une incidence négative sur la richesse des ménages et la réduction de la pauvreté », écrit le rapport qui souligne que l'Algérie serait particulièrement vulnérable à un déclin continu des prix du pétrole. Une telle conjoncture, estime encore les rédacteurs de cette étude, peut poser de sérieux problèmes. L'on n'écarte pas que des troubles sociaux aient lieu sous l'effet de la contraction des dépenses publiques, d'une part, et le taux de chômage dont la courbe est toujours croissante, d'autre part. « La montée du mécontentement social résultant de la contraction des dépenses publiques, de hausses d'impôts et de taux élevés de chômage des jeunes poses également un risque considérable dans ce contexte », lit-on dans le document établi par l'institution internationale. Ces perspectives inquiétantes, ajoute-t-on, sont dus à la combinaison de plusieurs facteurs aggravants. « Le manque persistant d'emplois, combiné au ralentissement de l'économie, aux réformes économiques et aux tensions inflationnistes, suscite des inquiétudes particulières concernant le nombre de ménages en situation de vulnérabilité et la hausse du taux de pauvreté en Algérie, (situé à 5,5 % en 2011) », écrit encore la Banque Mondiale. Selon elle, « 10% de la population est exposée au risque de retomber dans la pauvreté ». Le document de la BM estime par ailleurs que «La volonté politique et le consensus national pour rationaliser les subventions inefficaces et généreuses se dessinent lentement, mais une telle réforme exige de meilleurs filets de protection sociale, un système de transferts monétaires qui desserve ceux qui sont dans le besoin et une stratégie de communication de grande envergure ».