Il est attendu que le déficit soit financé par l'émission de nouvelles dettes, avec une hausse du taux de dette de 13,6% du PIB en 2016, à 25,1% en 2018, note la BM. La croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de l'Algérie devrait ralentir à 3,6% en 2016 et baisser à 2,6% en 2018, prévoit la Banque mondiale (BM) dans un rapport publié le 5 octobre dernier. Le document indique qu'en 2017 et 2018, la hausse significative de la production d'hydrocarbures ainsi que l'ouverture de nouveaux puits de pétrole viendront atténuer l'impact négatif du déclin prévu des prix du pétrole sur les secteurs non pétroliers réels. La BM prévoit, également, que le taux de chômage élevé pèse sur la dépense des ménages. "La persistance du niveau élevé du chômage des jeunes a entravé la réduction de la pauvreté et des inégalités", relève le document. En 2015, le taux de chômage a dépassé les 2 chiffres pour atteindre 11,2% et n'a pas changé de façon significative dans la première moitié de l'année 2016. Il reste particulièrement élevé parmi les femmes (16,6%) et les jeunes (29,9%). "Les plus défavorisés dépendent fortement de l'agriculture de subsistance pour générer un revenu. En région urbaine, l'emploi informel prédomine parmi ces populations. Le secteur formel est dominé par les fonctionnaires et les employés des entreprises publiques. Il existe de grandes différences de parité dans le marché du travail ; les femmes ont moins de chances d'être employées par le gouvernement et le secteur privé formel", note la Banque mondiale. Pour cette dernière, la ligne de référence suppose que le gouvernement fera un certain nombre de progrès, par exemple en termes d'assainissement budgétaire. Cela étant, le déficit budgétaire devrait rester élevé à environ 13,2% du PIB en 2016 (bien qu'il devrait se réduire à 8% en 2018) alors que les prix bas du pétrole pèsent sur les recettes fiscales. Avec l'épuisement de l'épargne budgétaire (Fonds de régulation des recettes, FRR), il est attendu que le déficit soit financé par l'émission de nouvelles dettes, avec une hausse du taux de dette de 13,6% du PIB en 2016, à 25,1% en 2018. Le déficit du compte courant devrait se réduire légèrement, de 15,5% du PIB en 2016 à 10,4% en 2018. Le rapport de la Banque mondiale évoque, aussi, la résurgence des pressions inflationnistes. "Malgré une politique monétaire stricte, l'inflation a atteint 4,8% en 2015, reflétant en partie l'effet d'une dépréciation nominale du dinar d'environ 20%, destiné à corriger le déséquilibre extérieur", souligne le document. "Durant la première moitié de l'année 2016, les autorités monétaires ont autorisé une dépréciation supplémentaire du dinar, alors que le gouvernement essayait d'éviter une baisse rapide des réserves de change et de les maintenir au-dessus de 100 millions de dollars US", indique la Banque mondiale, estimant que la dépréciation du dinar devrait maintenir une pression inflationniste élevée, avec une prévision de l'inflation à 5,9% en 2016. Ces perspectives, souligne le rapport, sont sujettes à au moins deux risques-clés de ralentissement, la volatilité des prix du pétrole et le mécontentement social. L'institution de Bretton Wood explique que la dépendance de l'Algérie aux revenus du pétrole la rend extrêmement vulnérable à la volatilité globale des prix du pétrole face aux importantes réserves mondiales, et une récupération de la demande plus faible que prévu. Une chute des prix du pétrole pourrait également affecter l'investissement dans le secteur des hydrocarbures. "L'augmentation du mécontentement social vis-à-vis des coupes budgétaires, de l'augmentation des taxes et du taux de chômage élevé chez les jeunes pose également un risque", a averti la Banque mondiale, relevant que "la volonté politique et le consensus national tendent lentement vers la rationalisation de subventions inefficaces, inéquitables et coûteuses". Meziane Rabhi