C'est une première, affirment les Forces démocratiques syriennes (FDS). Ce groupe de combattants anti-djihadistes, allié des Etats-Unis dans les combats sur le sol syrien, a accusé, hier, la Russie, l'alliée principale du régime pro-Assad dans le conflit, d'avoir bombardé plusieurs de ses positions dans l'est de la Syrie. Selon FDS, jamais avant le groupe n'avait été la cible de raids aériens du régime de Moscou, alors qu'il avait déjà accusé le régime syrien de l'avoir bombardé dans la province voisine de Raqa. Au moment de l'annonce de leur offensive contre l'EI dans l'est de la province de Deir ez-Zor, les FDS avaient assuré qu'il n'y avait aucune coordination avec les forces du régime. Mais, selon la coalition internationale, il existe dans la zone une «ligne de déconfliction» pour éviter tout incident entre les multiples acteurs engagés. Le régime est engagé dans l'ouest de la province, divisée diagonalement par le fleuve de l'Euphrate. Et les FDS ont lancé une opération pour chasser l'EI des territoires sur la rive est du fleuve. Les combattants visés samedi se trouvaient en effet à l'est du fleuve. Le terme «déconfliction» est utilisé par les militaires pour désigner les mesures prises pour éviter les incidents dans le ciel syrien, encombré d'avions de la coalition anti-djihadistes dirigée par les Etats-Unis, d'avions du régime et russes. Les incidents entre les FDS et le régime, forces rivales, sont rares. En juin, un avion de l'armée syrienne a été abattu par la coalition internationale dans la province de Raqa (Nord), Washington affirmant qu'il s'agissait d'une riposte à un tir de cet appareil contre les FDS. L'armée russe a nié quelques heures plus tard avoir bombardé les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants arabes et kurdes. «Ce n'est pas possible. Pourquoi les bombarderions-nous ?», a réagi le porte-parole Igor Konashenkov sur la base militaire russe de Hmeimim, sur la côte ouest de la Syrie. A noter que les djihadistes contrôlent plus de la moitié de la province de Deir ez-Zor, riche en pétrole et frontalière de l'Irak. Une perte de cette province ébranlerait l'organisation ultraradicale qui n'aurait plus que des poches dans la ville de Raqa et dans le centre et le sud du pays. L'EI, responsable d'attentats sanglants en Europe, a vu son pouvoir se rétrécir comme une peau de chagrin en Syrie et en Irak voisin où il a fait régner la terreur après sa montée en puissance fulgurante en 2014. Malgré ses défaites sur le terrain, l'organisation djihadiste parvient encore à frapper avec des attentats dans ces deux pays et à l'étranger. Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie et opposant initialement armée et rebelles syriens, le conflit s'est complexifié avec l'implication d'autres protagonistes, d'acteurs régionaux et internationaux et de groupes djihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 330 000 morts et des millions de déplacés. Un convoi humanitaire à Deir ez-Zor Par ailleurs, un premier convoi routier d'aide humanitaire onusien est entré dans la ville syrienne de Deir ez-Zor, où deux enclaves gouvernementales et civiles subissaient le siège de l'organisation djihadiste Etat islamique (EI), a déclaré, vendredi 15 septembre, l'Organisation des Nations unies. Des camions - 12, selon le Croissant-Rouge syrien, qui a effectué l'acheminement - transportant des «articles essentiels qui permettent de sauver des vies», comme de la farine, des aliments en conserve et des articles liés à la santé maternelle, ont ainsi été acheminés, a déclaré Ali Al-Za'tari, un coordinateur de l'aide humanitaire en Syrie, dans un communiqué. Ce n'est pas la première aide que reçoivent les habitants de Deir ez-Zor depuis la fin du siège. Des camions de l'organisation Syrian Trade Association étaient déjà entrés dans la ville la semaine dernière. Auparavant, les enclaves gouvernementales de Deir ez-Zor étaient approvisionnées via des largages de colis depuis des hélicoptères du régime ou des avions de l'ONU. Au total, l'ONU a réussi 309 largages d'aide sur Deir ez-Zor durant le siège, a précisé une porte-parole à Genève. Les forces progouvernementales ont brisé, mardi 5 septembre, le siège imposé par l'EI à Deir ez-Zor depuis près de trois ans, en pénétrant dans la partie nord, un des deux secteurs (avec l'aéroport) où sont barricadés des forces armées et environ 90 000 civils.