Ahmed Ouyahia est fortement attendu à l'Assemblée populaire nationale. Il devra présenter aujourd'hui son plan d'action et s'exprimer sur les sujets qui préoccupent les citoyens, particulièrement d'ordre socio-économique. Connu pour sa franchise, le nouveau Premier ministre devra convaincre les députés sur la nécessité d'aller vers des réformes profondes afin d'éviter le recours à l'endettement extérieur. Le passage d'Ahmed Ouyahia au niveau de la première chambre du Parlement est, en effet, décisif. Le Premier ministre présentera sa feuille de route non seulement pour la poursuite de la mise en œuvre du programme du président de la République, mais aussi pour sortir de la situation de crise économique actuelle. Dans son plan d'action, il n'a pas hésité à tirer la sonnette d'alarme sur l'insoutenabilité de la situation financière du pays caractérisée par un énorme déficit des balances commerciale et des paiements. Il a relevé aussi l'épuisement des réserves du Fonds de régulation des recettes (FRR) depuis février 2017 et la baisse conséquente des réserves de change du pays s'établissant à 105 milliards de dollars en juillet dernier. Tout en s'inscrivant dans les orientations du président de la République, le Premier ministre a alerté sur les risques qu'encoure l'Algérie en faisant appel à l'endettement extérieur. Il a évoqué à ce sujet la perte de la souveraineté économique. Ahmed Ouyahia a estimé d'ailleurs que «l'année 2017 sera clôturée avec des difficultés réelles, alors que l'année 2018 s'annonce plus complexe encore». En dressant ce constat, le Premier ministre veut faire adhérer l'ensemble des composantes de la société aux réformes économiques envisagées, à savoir la diminution des dépenses publiques et la politique de ciblage des subventions. Le gouvernement compte promouvoir aussi, à titre exceptionnel, des financements internes non conventionnels. Ce type de financement suscite aujourd'hui un large débat et des polémiques. Sur ce plan, Ahmed Ouyahia va certainement tenter de rassurer l'opinion publique et d'expliquer la démarche de l'Etat en la matière. Le financement non conventionnel devra être mobilisé exclusivement pour le budget d'investissement de l'Etat et non pas pour les dépenses de fonctionnement. Au titre des réformes qui seront entamées prochainement, Ahmed Ouyahia souhaite assainir les finances publiques, en maîtrisant les dépenses, en améliorant la collecte des ressources fiscales ordinaires et la gestion du domaine public de l'Etat. Il a été convenu, dans ce domaine, de revoir le fonctionnement de l'administration fiscale pour améliorer les recouvrements, mettre en place la fiscalité locale, ainsi qu'une gestion pluriannuelle du budget de l'Etat. Dans le but de maîtriser les dépenses, la démarche du gouvernement se base sur la rationalisation du budget de fonctionnement et le ciblage des subventions au profit de la population nécessiteuse. En faveur des investisseurs, il est question d'améliorer l'environnement des affaires, de facilitation des investissements productifs des biens et services et de stabilisation du cadre juridique. D'autres thèmes seront évoqués par le Premier ministre d'autant plus que le plan d'action adopté récemment en Conseil des ministres accorde une place importante à la préservation de la sécurité, de la stabilité et de l'unité du pays et à la modernisation de la gouvernance. Le gouvernement s'inscrit dans la consolidation des progrès réalisés dans le développement humain, la préservation du potentiel de défense nationale ainsi que l'animation d'une politique étrangère définie par le président de la République dans le respect des constantes diplomatiques du pays. Globalement, Ahmed Ouyahia n'aura pas de difficultés pour faire adopter sa feuille de route. Faisant partie de la majorité parlementaire, il peut compter sur l'appui du Front de libération nationale (FLN), de Tajamou Amal al-Jazair (TAJ) et du Mouvement populaire algérien (MPA).