Mostaganem a accueilli cette semaine le 5e festival de la poésie melhoun dédié au saint patron de cette ville et grand poète, Sidi Lakhdar Benkhlouf. L'ancienne capitale de la chanson chaâbie a vécu durant quatre jours, de jeudi à dimanche, au rythme de la musique bédoui et du melhoun. En effet, le festival national de la poésie melhoun, dédié à Sidi Lakhdar Benkhlouf, qui fête sa cinquième année d'existence, a attiré les amateurs et les professionnels venus des quatre coins du pays. Le festival dont le commissaire n'est autre que le spécialiste de l'histoire de la chanson algérienne, notamment le chaâbi et de la poésie melhoun et qui est rappelons-le, un brillant chanteur de chaâbi, a été organisé cette année en hommage aux regrettés poète de bédoui cheikh Charef Benkheira et au chanteur chaâbi Ahmed Zeghiche. La clôture du festival a eu lieu dimanche soir à la maison de la culture Ould Abderrahmane Kaki de Mostaganem. Cette cérémonie de clôture de cette manifestation culturelle a été marquée par la lecture de qacidate de plusieurs poètes dont Aouicha Boumediene (Tiaret), Arabi Abdelkader et Omar Bouaziz (Mostaganem) et par le passage sur scène des chanteurs Touhari Bendehiba et Bendehiba El Bouguirati. De son côté, l'orchestre féminin de l'association Fen oua nachat de Mostaganem que dirige le chanteur Noureddine Benatia a interprété des chansons de medahate. Quant aux chanteuses issues de l'école andalouse Meriem Benallal et Hasna Henni, elles ont donné un récital en chant moderne. Le melhoun au féminin Pour rappel, dans le domaine de la poésie melhoun, il y a eu des femmes qui ont écrit dans ce style sans se faire connaître, sauf pour Cheikha El Mokrania de Laghouat qui était sortie du lot en devenant célèbre à l'époque où le melhoun était dominé par les hommes. Les poètes sahariens les plus connus et qui ont vécu à Laghouat et Ouled Djellal sont Sidi El Hadj Aissa, Benkerbane, Ben Kerriou, Smati, et Benguitoune, l'auteur de la célèbre Hizia. L'un des meilleurs poèmes de Cheikha El Mokrania est celui où elle raconte l'histoire de son berger ayant décidé de demander sa main après la mort de son mari. Pour rendre hommage au poète Charef Benkheira, né à Mostaganem en 1919 et décédé dans la même ville en 1990, sa famille a été honorée. Pour rappel, Cheikh Charef Benkheira a écrit plusieurs qacidate en melhoun qui ont été interprétées par des chanteurs du bédoui et du chaabi, notamment la chanson Hmam El Marsa interprétée par cheikh Mohamed El Maâmachi, Ya ridjal Allah par cheikh Bendhehiba El Bouguirati et Ya Taleb qui fut enregistrée par plusieurs chanteurs de bedoui et chaâbi dont cheikh Djillali Ain Tédèlès. Certains de ses poèmes ont été déclamés à cette occasion par des artistes et un film documentaire sur sa vie artistique a été projeté. Rappelons que lors de la cérémonnie d'ouverture de ce festival, un hommage a été rendu au regretté chanteur Ahmed Zeghiche (1954-2017), un des pionniers de la chanson chaâbie de Mostaganem. En marge de ce festival qui prend de plus en plus d'importance, une exposition collective d'art plastique a été organisée au niveau du hall de la maison de la culture Ould Abderrahmane Kaki. Des livres ont été également exposés par l'entreprise nationale des arts graphiques (Enag). Cette manifestation a été marquée par les passages des poètes venus de plusieurs villes d'Algérie, des concerts donnés par les chanteurs de bédoui et de chaâbi ainsi que la projection du film documentaire Sidi Lakhdar Benkhlouf, prince des poètes du melhoun. Benkhlouf, le prince Sidi Lakhdhar Benkhlouf auquel est dédié ce festival depuis sa crétion il y a cinq ans est né à Mostaganem, la ville qui fut la capitale du meghrabi (chaâbi) et qui continue de fournir des poètes et chanteurs de talent (Bendameche, Benatya etc.). Ce grand maître de la poésie populaire et du soufisme était considéré par ses pairs comme l'émir des poètes. Cet homme qui a eu le privilège de voir le prophète Mohammed (QSSL) à 100 reprises est connu pour la qualité de ses poèmes et ses prédictions, notamment celle où il décrit le célèbre palmier qui naîtra après sa mort et prendra une forme exceptionnelle. Le palmier de Sidi Lakhdhar est toujours vivant pour témoigner de la valeur de cet homme qui a vécu 125 ans. Il fut un religieux d'exception, un inégalable poète et un grand moudjahid. D'ailleurs, il raconte dans un de ses poèmes comment il a participé à la bataille de Mazaghran en 1558. C'est suite à une vision (rêve) que Sidi Lakhdhar Benkhlouf avait décidé de rendre visite à Sidi Boumediene et embrassé la Tariqa Soufie du grand wali de Tlemcen. Enfin, les organisateurs de ce festival qui n'ont pas bénéficié du budget de l'Etat sont à féliciter mais une question est posée : le plus grand maître de la chanson chaâbie encore en vie, le Mostaganemois Maâzouz Bouadjadj qui aurait le plus chanté les qaçaid de Cheikh Sidi Lakhdar Benkhlouf a-t-il été invité, a-t-il été déjà honoré ?