L'Algérie a appelé à engager de profondes réformes des structures de la première organisation mondiale, l'ONU. «Il est impératif que nous nous attelions à réformer notre Organisation pour la mettre en position d'assumer pleinement les missions pour lesquelles elle a été créée», a relevé le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, dans son discours prononcé, vendredi, devant la 72e session de l'Assemblée générale de l'ONU. Les questions qui préoccupent la communauté internationales sont nombreuses. Aux conflits persistants et restés en suspens, s'ajoutent d'autres crises et foyers de tensions qui menacent de plus en plus la paix dans le monde. Devant cette situation, l'ONU semble désarmée, voire, dans certains cas, incapable de peser de son poids pour faire régner l'ordre et rétablir la paix. Messahel a donc naturellement plaidé pour la réforme de cette institution : seule et unique voie pour la remettre sur les rails et lui permettre d'assumer pleinement ses missions premières. «Nous ne pouvons plus nous permettre de reporter indéfiniment cet examen de conscience collectif auquel nous devons procéder sur les causes qui ont conduit à la faillite du système de sécurité collective que les pères fondateurs de notre Organisation ont imaginé comme un rempart devant prémunir à jamais les générations à venir des horreurs de la guerre», a affirmé sèchement le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, qui a fait remarquer, en outre, que cette session se tient dans un contexte tout aussi préoccupant que celui qui a entouré les précédentes sessions. Un contexte, dira-t-il, «marqué par la persistance de conflits anciens en attente d'un règlement et l'apparition de nouveaux conflits meurtriers et de foyers de tensions». Face à ces nombreux défis qui s'ajoutent à «la fragilisation de l'équilibre écologique de la planète en raison des outrages répétés qui lui sont infligés, la paupérisation, le sous-développement et les maladies qui continuent d'être le lot quotidien de centaines de millions d'individus dans le monde», le ministre algérien a jugé nécessaire de réformer les structures de l'ONU. Comment y parvenir, avec quelles réformes ? Pour Messahel, la réforme de l'ONU «doit, en premier lieu, porter sur le Conseil de sécurité, avec comme point de départ, la correction de l'injustice historique que constitue la sous-représentation de l'Afrique dans les deux catégories de membres de cet organe et son élargissement à d'autres nouveaux acteurs importants sur la scène internationale», a-t-il soutenu, tout en relevant «le consensus de plus en plus observé concernant la nécessité d'une revitalisation et d'un renforcement de l'autorité de l'Assemblée générale». Libye, Mali, Yemen et Syrie : Position de principe Du haut de la tribune onusienne, le chef de la diplomatie algérienne a également rappelé les positions de principe de l'Algérie. Il a ainsi réitéré «l'attachement de l'Algérie aux principes cardinaux de sa politique extérieure et qui sont ceux-là mêmes consacrés dans la Charte des Nations unies, à savoir le respect de l'indépendance et de l'intégrité territoriale des Etats, la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, le règlement pacifique des différends et le respect du droit à l'autodétermination». M. Messahel a souligné, par ailleurs, que «l'Algérie entend continuer d'assumer activement le rôle qui est le sien sur la base desdits principes et à privilégier la voie de la solution politique, que ce soit en Syrie, au Yémen, au Mali ou en Libye». Idem en ce qui concerne le conflit qui oppose le Sahara occidental au Maroc, le représentant de l'Algérie à l'ONU a précisé que «l'Algérie considère que la question du Sahara occidental, en tant que problème de décolonisation, ne peut trouver son règlement qu'à travers l'exercice, par le peuple du Sahara occidental, de son droit imprescriptible à l'autodétermination». Il a, également, réitéré le «plein soutien de l'Algérie au peuple palestinien frère pour la réalisation de ses droits nationaux inaliénables et la création de son Etat indépendant avec El Qods comme capitale». Menace terroriste Messahel a en outre abordé la menace terroriste en expliquant que la lutte contre ce fléau, et sa matrice, l'extrémisme violent, «continuent d'occuper le devant des préoccupations de la communauté internationale, d'où la nécessité, a-t-il relevé, d'une prise en charge urgente et rapide de cette menace grandissante et des phénomènes aggravants». Messahel citera, en exemple, à juste titre, le phénomène du retour des combattants terroristes étrangers ainsi que la progression de l'islamophobie qui est, a-t-il fait savoir, de nature à «alimenter le discours radical». La question de la migration a été également au cœur du discours de Abdelkader Messahel. Sur ce sujet, le ministre a appelé à une «approche judicieuse qui tient compte, à la fois, des opportunités à exploiter au bénéfice des économies des pays et des sociétés respectives, mais aussi des situations fortement préjudiciables, tant aux personnes concernées qu'aux pays contraints d'y faire face». Il a ajouté, à ce propos, que l'Algérie «mesure à sa juste valeur la complexité de cette question et considère nécessaire de continuer à rechercher ensemble des solutions globales, intégrées, équilibrées et fondées sur un juste partage des responsabilités qui préservent la dignité de personnes que la peur et la pauvreté ont mises sur le dangereux chemin de l'exode et de l'exploitation par le crime organisé transnational».