Deux mois de grève illimitée n'ont pas suffit pour faire entendre la voix des médecins résidents en 2e année tronc commun de chirurgie. Ces futurs spécialistes en chirurgie générale, chirurgie pédiatrique, chirurgie thoracique, chirurgie maxillo-faciale et chirurgie plastique, revendiquent tout simplement que leur passage en troisième année soit validé uniquement sur la base d'objectifs pédagogiques mentionnés dans leurs carnets de résidents, et ce en application de l'arrêté N°1137 du 04 Novembre 2015, portant organisation et modalité d'évaluation et de progression du cycle de formation en vue d'obtention du diplôme d'étude médicales spéciales (DEMS). Mais, la «dictature de certains chefs de services», comme la qualifient les médecins résidents qui ont pris attache avec notre journal, a voulu qu'ils soient soumis à un examen sanctionnant dans une discipline qu'ils n'auront pas à exercer dans leur carrière, l'orthopédie en l'occurrence. Au total, 189 médecins résidents en deuxième année tronc commun du centre du pays, issus des wilayas d'Alger, Tizi-Ouzou et Blida, ont boycotté l'examen d'orthopédie organisé le 20 septembre dernier. Soit un suivi de 100% qui a mis les chefs de services devant le fait accompli. Mais, au lieu de comprendre la colère de leurs étudiants, ces responsables ont passé à la sanction, menaçant la carrière de jeunes médecins qui n'ont eu de tors que d'avoir réclamé un droit et exigé qu'ils soient évalués sur la base d'objectifs pédagogiques atteints durant l'année, comme cela se fait dans les pays développés, et non pas sur la base d'un examen sanctionnant qui ne les concerne pas en définitive. En effet, le chef de service d'orthopédie du CHU de Bab El Oued, également président de jury dudit examen, «contrarié, a tout bonnement décidé de licencier ses résidents », apprend-on de sources sûres. Ce soi-disant professeur, ajoutent nos sources a sommé ses élèves de «quitter le service» et même supprimé ses résidents «non-optionnistes», c'est-à-dire ceux qui ne sont pas spécialistes en orthopédie, de la liste du personnel sensé assurer les gardes aux urgences. Mutisme Des décisions que les médecins résidents dénoncent énergiquement, prises «dans la précipitation et l'illégalité». «Un abus de pouvoir sans précédent», s'indigne l'un d'entre eux. En guise de solidarité avec leurs camarades du CHU de Bab El Oued qui se retrouvent sans service après avoir assuré durant 5 mois les tâches qui leurs étaient exigées, et risquent même de se voir invalidé leur stage, un sit-in sera organisé aujourd'hui devant la faculté de Médecine d'Alger (ex-La Perrine). Les protestataires veulent désormais interpeller le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Jusqu'à présent, Tahar Hadjar, n'a pas daigné bouger le petit doigt alors que leur mouvement de grève à l'intérieur des services des trois wilayas a bouclé les deux mois. Dans un PV sanctionnant une assemblée générale tenue le jour de l'examen d'orthopédie boycotté par les concernés, les médecins résidents expliquent leurs motivations, notamment «le caractère local dudit examen, puisqu'il se trouve qu'aux régions Est et Ouest, leurs confrères en sont épargnés, ce qui est contradictoire avec l'arrêté N°1137 du 04 Novembre 2015». Des copies du PV en question ont été envoyées aux différents présidents de CP d'orthopédie et de chirurgie pédiatrique, au doyen de la faculté de médecine d'Alger et vice doyen chargé de la post graduation, ainsi qu'à la sous direction de la formation en sciences médicales du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. «Abus de pouvoir» ! En tout cas, le bras de fer entre les médecins résidents et les chefs de services qui veulent imposer d'autres conditions de passage à la troisième année, autre que ce qui est stipulé dans la loi, n'est pas prêt de connaître son épilogue. Un autre examen en chirurgie pédiatrique, prévu pour ce mercredi, 27 septembre, sera aussi boycotté, «pour les mêmes raisons que le précédent, à savoir l'absence de prise en charge dans les services avec la majorité des objectifs pratiques non atteints». De plus, «aucun cours magistral n'a été assuré par les professeurs de chirurgie pédiatrique durant l'année universitaire écoulée, sans même pas un programme élaboré en bonne et due forme !», regrettent les futurs chirurgiens. Selon des sources administratives, «cette spécialité ne disposerait même pas d'un comité pédagogique régional. Ce qui n'empêche pas certains chefs de service d'user des mêmes méthodes d'intimidation et de menaces vis-à-vis de leurs résidents ».