Téhéran a qualifié hier d'absurdité et d'accusation sans fondement les propos du président américain laissant entendre que l'Iran collabore avec la Corée du Nord en matière de recherche et de développement balistique. «Il s'agit à l'évidence d'une absurdité et d'une accusation sans fondement», a déclaré à la presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bahram Ghasemi, à Téhéran. «Il n'y a aucun lien en ce domaine entre l'Iran et la Corée du Nord. La ligne politique de l'Iran a toujours été précise, claire et transparente (...) Notre quête est celle de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques.» L'Iran a affirmé samedi avoir testé «avec succès» un nouveau missile d'une portée de 2.000 km, capable, selon les autorités, d'emporter plusieurs têtes. La télévision publique a diffusé des images non datées de ce qu'elle a présenté comme le décollage de ce missile, baptisé Khorramshahr. «L'Iran vient de tester un missile balistique capable d'atteindre Israël», avait réagit M. Trump sur son compte Twitter. «Ils travaillent aussi avec la Corée du Nord. Nous n'avons pas vraiment un accord !» avait ajouté le président américain faisant référence à l'accord international sur le nucléaire iranien de juillet 2015, dont il menace de retirer les Etats-Unis. Cet accord a permis une levée partielle des sanctions économiques internationales visant l'Iran en échange de garanties, certifiées par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), sur le caractère exclusivement civil du programme nucléaire iranien. Le 11 septembre, le patron de l'AIEA, Yukiya Amano, a confirmé le respect par l'Iran de ses engagements au titre de l'accord nucléaire. Coopérons avec l'AIEA et sur la base de l'accord de 2015, ils exercent sans discontinuer cette surveillance minutieuse, a noté M. Ghasemi. Fondamentalement, il n'y a ni similarité ni ressemblance entre la Corée du Nord et l'Iran dans ce domaine, a-t-il noté. Selon la télévision d'Etat iranienne, le général Amir Ali Hadjizadeh, commandant de la force aérospatiale des Gardiens de la Révolution, l'armée d'élite de la République islamique, a noté hier que «tout le matériel et toutes les pièces» des missiles iraniens étaient «de fabrication locale» exclusivement, et que le Khorramshahr était «long de 13 mètres et capable d'emporter une charge de 1.800 kilogrammes». Le ministère de la Défense iranien avait révélé l'existence du projet Khorramshahr en septembre 2016. Depuis lors, certains analystes ou commentateurs américains ont spéculé sur l'existence d'un lien entre le missile Khorramshahr et un autre missile nord-coréen en développement. Mais un récent rapport d'un centre de recherche sur la Corée au sein de l'université américaine Johns Hopkins note que «les preuves disponibles ne permettent pas de corroborer ces spéculations». L'Iran et la Corée du Nord ont coopéré en matière d'armement par le passé, notamment pendant la guerre entre l'Irak et l'Iran (1980-1988), au cours de laquelle Pyongyang s'est révélée être l'une des seules sources d'approvisionnement en armes de Téhéran. Si la technologie nord-coréenne a pu favoriser le programme balistique iranien au tournant du siècle, la République islamique insiste depuis plusieurs années sur le caractère exclusivement national de ses efforts en ce domaine, affirmant qu'ils ne sont contraires à aucune disposition du droit international.