Le crime dont a été victime dimanche matin une jeune femme de 27 ans, perpétré par son ex-mari, à l'intérieur de l'école primaire Boukhettouta, dans la ville d'Annaba, remet en question les «dispositifs sécuritaires» mis en place par le ministère de l'Education nationale. La jeune femme a été mortellement poignardée au beau milieu de la cour de l'école, devant les regards choqués de son enfant, des élèves et des enseignants. Cet assassinat ignoble remet sur la table la violence dans les écoles et dans notre société. L'école est en émoi et les syndicats de l'éducation interpellent le ministère de tutelle et le gouvernement pour la sauver de cette violence inouïe qui va crescendo. Contacté par nos soins, le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, s'est dit attristé et indigné. «C'est dramatique», dira-t-il d'emblée, avant d'ajouter : «Je m'incline devant la mémoire de la victime du devoir». Meriane a dénoncé l'acte «odieux» qui a ôté la vie à cette jeune femme de 27 ans, puis a appelé la direction de l'éducation d'Annaba de prendre en charge psychologique et sécuritaire des élèves de cette école. «Une cellule de crise et de psychologie doit être formée afin de prendre en charge les élèves dans l'immédiat», a-t-il suggéré, ajoutant que «les enfants ont été traumatisés par la vue de l'acte et du sang. Ils doivent extérioriser leurs peurs, pour qu'elles ne puissent pas constituer un handicap pour eux à l'avenir», dira-t-il. Meriane s'est ensuite interrogé notamment sur les conditions qui ont permis au meurtrier d'accéder à l'enceinte de l'école. «Ce n'est pas normal que l'ex-mari de la défunte puisse entrer à l'intérieur de l'école à 10h30 sans être interpellé par quiconque. «Où était le gardien de l'école ? C'est lui qui est responsable de laisser entrer ou pas», s'est-il demandé. Selon lui, ce drame pouvait être évité. «Comme on ne pourra pas changé ce qui s'est passé, on doit penser à éviter l'engloutissement de l'école algérienne dans la violence», a-t-il estimé. Concernant, les dispositifs sécuritaires, dont on parle, Nouria Benghebrit, la ministre de l'Education nationale, et qui devraient être mis en place au niveau des établissements scolaires, le syndicaliste estime qu'ils s'avèrent inefficaces, à voir les incidents qui sont survenus au niveau des écoles dès la rentrée scolaire. Meriane recommande de trouver les mécanismes pour stopper cette violence qui a pris des «proportions alarmantes». Selon lui, la responsabilité incombe à tout un chacun. «Tout le monde est concerné. Une travail de sensibilisation doit être accompli au niveau des écoles notamment, avec la collaboration des spécialistes et des pouvoirs publics, afin d'endiguer ce phénomène», a-t-il expliqué. Meriane a mis en garde contre la banalisation de ce phénomène et appelle à sévir et à sanctionner. «La mort est banalisée dans notre société, chose qui ne doit pas l'être. Les pouvoirs publics doivent sanctionner», martèle-t-il. De son côté, Sadek Dziri, président du bureau national de l'UNPEF, a relevé que la violence et les crimes qui sont perpétrés à l'intérieur ou à l'extérieur des établissements scolaires sont à bannir. «L'école est sacrée comme une mosquée qu'on doit respecter», a-t-il souligné. «Malheureusement, ces dernières années, nous avons alerté contre la dégradation des valeurs et de la morale dans notre société, et voilà où nous sommes arrivés», a-t-il relevé. Mais l'impératif est de prendre en charge psychologiquement les élèves, a-t-il estimé. Dziri a, enfin, appelé le ministère de l'Education nationale, ainsi que le gouvernement à protéger et les travailleurs du secteur et les élèves contre toute forme de violence à l'intérieur ou à l'extérieur des établissements scolaires.