Les syndicats de l'éducation nationale condamnent énergiquement la violence en milieu scolaire qui prend des proportions alarmantes. L'agression dont a été l'objet le surveillant général du collège Slimane-Kebbane, dans la commune de Boukhnifisse (Sidi Bel-Abbès), vient relancer encore une fois le débat sur le phénomène. Ce responsable a été victime d'une agression caractérisée de la part d'un parent d'élève qui contestait le passage de son fils en conseil de discipline pour avoir utilisé son téléphone portable en plein cours de langue française. Tout en s'élevant contre cette violence en milieu éducatif, les syndicats et les associations soulignent le vide en matière de réglementation vis-à-vis de ces pratiques condamnables. «C'est la conséquence directe de l'absence de coordination entre les travailleurs de l'éducation nationale et les parents d'élèves», a estimé Khaled Ahmed, président de l'Union nationale des associations de parents d'élèves. Tout en condamnant l'agression du surveillant général, M. Khaled a expliqué que le manque de communication entre les deux parties est l'une des causes de la recrudescence de la violence dans les écoles, ajoutant que d'autres facteurs ont renforcé cette donne. Il s'agit également du laisser-aller des directeurs et responsables de ces établissements. Il cite, à cet effet, le non-respect des décisions qui émanent des conseils de classes. «Le conseil de classes décide d'exclure un élève, mais souvent la décision est remise en cause en raison d'interventions au plus haut niveau», a-t-il affirmé. L'Union nationale des associations des parents d'élèves avait, à maintes reprises, tiré la sonnette d'alarme sur ce fléau et avait même organisé des journées d'étude dans les établissements scolaires afin de trouver une solution radicale contre la violence, mais aussi contre la déperdition scolaire et la consommation de drogue par des élèves. Selon M.Khaled, une campagne de sensibilisation est d'ores et déjà programmée incessamment, avec la contribution de la Gendarmerie nationale dans la wilaya d'Alger pour débattre des thèmes de la violence et de la drogue en milieu scolaire. Interrogé sur les textes de loi, il a fait savoir que ces textes existent, mais qu'ils ne sont souvent pas respectés. «L'élève risque l'expulsion de son école, particulièrement si la victime présente un certificat d'incapacité. Il passe d'abord en conseil de discipline, avant la transmission de son dossier à la direction et au ministère de l'Education nationale, seul habilité à prendre une décision définitive», a-t-il expliqué. L'APN interpellée Meziane Mériane, porte-parole du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a condamné aussi l'acte de violence dont a fait l'objet le SG du collège et a tenu à préciser que la «violence s'est généralisée de manière remarquable». C'est d'ailleurs pour cette raison qu'ils ont appelé la tutelle à organiser des journées d'étude afin de sensibiliser les acteurs concernés contre le fléau. «Notre syndicat a essayé de sensibiliser l'Assemblée populaire nationale (APN) afin d'élaborer des textes règlementaires idoines», a déclaré M.Meriane. Pour M.Salem Sadali, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), ce fléau est le résultat de la non-prise en charge de plusieurs points stratégiques, notamment «le maintien à tout prix des élèves dans les écoles, même les délinquants, dans le souci de ne pas les jeter à la rue». Selon lui, le gouvernement se déresponsabilise en ne prenant pas en charge les «élèves en déperdition scolaire». L'absence de formation citoyenne dans les écoles est également une autre cause, a souligné M.Sadali, qui a précisé que «le système scolaire n'accorde pas d'importance à la formation citoyenne. Les écoles sont gérées de manière à produire des diplômés uniquement». Il regrette dans ce cadre l'annulation du programme d'activités de détente et d'apprentissage qui «absorbaient les énergies négatives des élèves». Le même interlocuteur a évoqué la réduction du nombre d'adjoints d'éducation qui encadraient et orientaient les élèves et l'absence d'un conseiller psychologique. Il a, par ailleurs, déclaré que les écoles ne peuvent pas se dissocier de la société où la violence sévit, tout en précisant que «l'Etat est un pouvoir violent qui influe de manière directe sur le comportement des citoyens». M.Sadali a estimé également que les réformes scolaires ont été un vrai désastre qui a contribué à la dégradation du niveau des élèves, d'où la nécessité de l'organisation d'une conférence nationale qui regroupe tous les acteurs pour remettre l'école sur les rails.