C'est après-demain, mardi 3 octobre, qu'il sera décerné officiellement le titre de doctorat honoris causa au grand poète kabyle Lounis Aït Menguellet, avons-nous appris. La cérémonie d'attribution de ce titre des plus honorifiques se déroulera à l'auditorium du campus Hasnaoua à partir de 9h30. Il est s à rappeler que cette consécration, pour ainsi dire qui marquera le parcours atypique du grand poète et chanteur, fait suite à la demande d'un groupe d'enseignants de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou qui, au début de l'année en cours, avaient émis le vœu d' attribuer le titre de doctorat honoris causa à Lounis Aït Menguellet. Dès lors, un appel pour collecter des signatures a déjà été lancé. Les initiateurs de ce projet avaient estimé que la démarche était appuyée par le fait que «toutes les grandes universités du monde ont cette tradition de procéder à l'octroi de ce titre pour honorer un homme ou une femme dont le travail ou la création présente une grande valeur à l'échelle nationale ou internationale» et que «la remise de cette distinction à Lounis Aït Menguellet sera un acte à la fois concret et symbolique». Cette distinction marquera, ont-ils encore estimé, la «reconnaissance légitime par la communauté universitaire d'un poète populaire pour sa production poétique dont la richesse et la densité ont donné ses lettres de noblesse à notre langue tamazight trop longtemps méprisée et minorée». Et de rappeler par la suite que «depuis son ouverture, l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, foyer des luttes démocratiques et de la reconquête du patrimoine linguistique et culturel amazigh, a toujours fait appel à la population et aux acteurs de la société civile» et que ces derniers ont «souvent agi, main dans la main, face à des problèmes sociétaux, politiques ou culturels dans les moments clés de la vie de la région ou du pays». La mobilisation des enseignants universitaires pour cette action historique est vue tel un geste de «lucidité, de générosité et d'ouverture qui rapproche l'élite de son peuple». Une œuvre monumentale L'œuvre du poète, interprète et chanteur d'expression kabyle, Lounis Aït Menguellet, suscite toujours des études, des réflexions et autres travaux de recherche. C'est d'ailleurs dans cet esprit que son œuvre, des plus monumentales consacrant 50 ans de chanson, a été, pour ainsi dire, décortiquée lors d'un colloque international de trois jours qui a eu lieu toujours à l'auditorium de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou au mois de mars dernier à l'initiative du Laboratoire d'aménagement et enseignement de la langue amazighe, sous le thème «Lounis Aït Menguellet : 50 ans de création. Regards croisés sur un capital d'une œuvre linguistique, littéraire et culturelle». Dans sa modestie, Aït Menguellet avait, pour rappel, déclaré à l'occasion de la tenue de ce colloque : «C'est un grand honneur de participer à ce genre d'événement consacré à mon œuvre et à mon parcours artistique même si j'estime qu'au-delà de ma modeste personne, que ce colloque est un acquis pour ma langue, mon identité et ma culture». Son patrimoine composé de plus de 300 chansons fait l'objet de plusieurs études aussi bien dans son volet stylistique, métrique et sémio-poétique ainsi que dans son aspect anthropologique, culturel et sociologique. La problématique identitaire chez l'artiste a toujours été présente et c'est pourquoi, à son tour, elle est toujours présente dans les travaux dirigés sur son œuvre qui reste toujours à exploiter.