À moins de deux mois des élections locales du 23 novembre prochain, plusieurs partis de l'opposition dénoncent l'exclusion «arbitraire» de plusieurs de leurs candidats, accusés «d'atteinte à l'unité nationale» et «d'atteinte à l'ordre public». En effet, le MSP, le RCD et le FFS font savoir que plusieurs dossiers de candidature ont été rejetés par l'administration «pour des raisons vagues», regrettant «une gestion administrative des candidature en l'absence d'une instance indépendante de gestion et d'organisation des élections». «Nous avons plusieurs candidats exclus et malheureusement pour des raisons incompréhensibles liées à un vague argument d'atteinte à l'ordre public», a indiqué Naâmane Laouer, membre du conseil consultatif du MSP. Notre interlocuteur, contacté hier par nos soins, cite un exemple : «Un candidat qui publie quelque chose sur Facebook est accusé d'avoir porté atteinte à l'ordre public. Il y a là également une atteinte à la liberté d'expression consacrée par la Constitution». Affirmant ne rien attendre de l'instance de Derbal, M. Laouer dénonce des dépassements de l'administration, en général, et des chefs de daïra, en particulier. Il déplorera le fait que l'élimination d'un candidat soit devenue une tâche facile pour l'administration. «Si vous voulez éliminer quelqu'un, il suffit de dire qu'il porte atteinte à l'ordre public. Sur quelle base ? On ne sait rien», a-t-il dit. «C'est l'administration qui juge et qui décide», a-t-il dénoncé, réitérant la demande de confier l'organisation du processus électoral à une commission indépendante. De son côté, le FFS a dénoncé l'«instrumentalisation» de la justice qui a procédé au rejet de candidatures aux élections locales dans certaines de ses listes. «Encore une fois, le pouvoir pour ne pas déroger à ses pratiques de coups bas, d'abus et d'arbitraire, a procédé à des rejets de candidatures sur certaines listes du FFS bien que celles-ci remplissaient toutes les conditions légales», a dénoncé le plus vieux parti de l'opposition dans un communiqué. Le FFS explique que «ces rejets ont été confirmés par les juridictions de recours qui ont eu à les traiter». «Le FFS condamne énergiquement ces procédés d'instrumentalisation de la justice et considère ces rejets comme une entrave purement politique qui, au fond, obéit à d'autres considération et des desseins inavoués», a-t-il accusé. Pour le FFS, il s'agit d'une «grave violation des droits de l'Homme, de déposséder des citoyens de leur droit d'être élus et de se porter candidats au mépris des lois que ce même pouvoir a promulguées et des conventions que l'Algérie a ratifiées». «Il ne peut accepter les arguments fallacieux qui n'ont aucun fondement juridique et qui ont été présentés par les autorités», ajoute le communiqué du FFS, au moment où le RCD a dénoncé une chasse aux sorcières. En effet, à l'issue d'une réunion de son secrétariat national, le RCD a qualifié le rejet des dossiers de candidats «sous le fallacieux prétexte d'activités portant atteintes à l'unité nationale» de «dérive dangereuse». «Le RCD condamne cette chasse aux sorcières. Au lieu d'instruire illégalement l'administration pour refuser d'enregistrer des candidatures en violation de la loi sous le fallacieux prétexte d'activités portant atteintes à l'unité nationale, les pouvoirs publics doivent assumer ces accusations, infondées du reste, en portant plainte devant les tribunaux au su et au vu de l'opinion publique», a souligné le parti de Mohcine Belabbas. Il fait allusion aux nombreux dossiers rejetés en Kabylie où les candidats concernés sont accusés d'appartenance au MAK. Pour le RCD, cette politique qui consiste à spolier les Algériens de leur droit constitutionnel de se porter candidat ne peut que pousser des citoyens vers des positions extrêmes. «Le gouvernement Ouyahia assumera la responsabilité d'une dérive programmée», a estimé le RCD.