C'est une invitation au voyage au coeur de la littérature nordique. Après les romans graphiques du dessinateur finlandais Ilpo Koskela et le recueil de poème de Tomas Transtrômer, poète suédois et lauréat du prix Nobel de littérature en 2011, le traducteur algérien établi en Finlande, Hamza Amarouche, nous fait découvrir les lettres estoniennes avec la traduction en langue amazighe d'un recueil de poésie de Jaan Kaplinski Wala tafukt seg usfaylu (J'ai regardé le soleil par la fenêtre). Le recueil sortira le 20 octobre prochain en Algérie aux édition Oxygen Publishing House. Le projet de traduction, d'après Hamza Amarouche, «a été lancé en mai 2015, sur l'initiative du traducteur et le poète, en collaboration avec le Cultural Endowment of Estonia [la Dotation culturelle de l'Estonie], qui est la seule institution officielle en Estonie qui promeut la littérature estonienne à l'étranger». Ainsi, avec cette nouvelle traduction en tamazight, M. Amarouche offre une occasion aux lecteurs de cette langue, que ce soit en Algérie ou dans les autres pays du Maghreb, de «découvrir l'œuvre d'un immense poète qui a reçu de nombreux prix littéraires en Europe, entre autres le grand prix de littérature de l'Assemblée baltique (1997), le prix russe de littérature (2015), lauréat du prix européen de littérature, et sa candidature est régulièrement proposée pour le prix Nobel de la littérature». Le lecteur amazighophone aura accès à une poésie inspirée des émotions, de l'enfance, des voyages et de l'expérience de Jaan Kaplinski. «Parfois, sa poésie accorde même une importance aux détails de son enfance, son quotidien dans son village à Vana-Mutiku et à Tartu, sa ville natale en Estonie. Le recueil de poésie présente des textes philosophiques et politiques, des poèmes aux vers courts, libres et non rimés, qui définissent le style unique de Kaplinski. D'ailleurs, sa renommée est largement due à son style, où il aborde des formes poétiques très diverses, en se focalisant sur la précision et la création d'images novatrices», souligne le traducteur, qui ajoute que «le rythme des saisons et la splendeur de la nature sont souvent présents dans les images du poète. Ses textes philosophiques et politiques embrassent distinctement une diversité et transmettent une émotion particulière à la portée de ses lecteurs. Sa poésie qui débute parfois par des situations ordinaires est souvent envellopée dans une nouveauté remarquable, affranchie d'autres influences et appelle à une ouverture à l'expérience humaine». Il faut souligner que le choix de Jaan Kaplinski n'est pas fortuit. Le poète estonien a connu la littérature algérienne dans les années 1960. «Jaan Kaplinski a contribué à la traduction en estonien du roman la Dernière impression de Malek Haddad. Il est à noter que ce livre fut traduit en estonien par sa mère Nora Raudsepp-Kaplinski (1906-1982), philologue estonienne francophone, et paru en 1969 aux éditions Hans Heidemmani, en Estonie. Dans la préface du livre qu'il avait écrite lui-même, Kaplinski rendit hommage à d'autres écrivains algériens, à savoir Mouloud Mammeri, Kateb Yacine etc.», ajoute M. Amarouche. C'est le poète et écrivain qui a traduit en estonien des poèmes de l'Algérien Bachir Hadj-Ali, et c'est lui qui a dédié un long poème à Mouloud Feraoun, écrivain algérien assassiné par l'OAS le 15 mars 1962. Un été africain de l'auteur algérien Mohamed Dib fut le premier roman traduit en estonien, en 1962, par la traductrice Nelly Toiger.