Au moment où trois personnalités nationales appellent les Algériens à se mobiliser autour d'un front commun «contre ceux qui ont confisqué notre destin», invitant l'armée à se démarquer de ce «groupe», Ahmed Gaïd Salah réaffirme l'attachement de l'ANP à ses missions constitutionnelles. Le chef d'état-major de l'ANP qui effectuait, hier, une visite de travail et d'inspection à la 6e Région militaire à Tamanrasset, a réitéré la conviction des éléments de l'armée à défendre «l'unité, la souveraineté, la sécurité et la stabilité» du pays. «Partant de notre profonde conviction de la sensibilité de cette mission qui incombe à l'Armée nationale populaire, (…) le devoir nous appelle aujourd'hui, chacun dans ses fonctions, dans les limites de ses compétences et dans le domaine de ses responsabilités, à poursuivre, continuellement, méthodiquement et rationnellement, sous le commandement et l'appui de Son Excellence monsieur le président de la République, Chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale, les efforts résolus et complémentaires que nous avons entamés», a déclaré le général de corps d'armée dans une allocution, reprise dans un communiqué du MDN. Simple hasard ou discours bien peaufiné, la circonstance a voulu que la réaffirmation de l'attachement de l'armée à son commandement, dont le chef suprême n'est autre que le président de la république, Abdelaziz Bouteflika, intervient au moment où Rachid Benyellès, Ali Yahia Abdennour et Ahmed Taleb Ibrahimi ne se font aucun doute sur «son incapacité à gouverner». Ils estiment, dans une déclaration, que dans tout autre pays démocratique, pareille situation aurait conduit «à la destitution par voie constitutionnelle» du président. Quant à l'ANP qui demeure, selon eux, «l'institution la moins dépréciée du pays, le moins qu'elle puisse faire, à défaut d'accompagner le changement qui s'impose et de participer à l'édification d'une République véritablement démocratique, c'est de se démarquer de manière convaincante du groupe qui s'est emparé indûment du pouvoir». Les propos de Gaïd Salah se veulent donc comme un niet catégorique à ces appels à répétion relatifs notamment à l'application de l'article 102 de la Constitution, portant «déclaration d'empêchement du président à assumer ses fonctions». Avant Benyellès, maître Ali-Yahia et Ibrahimi, des acteurs politiques à l'instar de l'ancien ministre du Commerce Noureddine Boukrouh ou encore Djilali Soufiane, président de Jil Jadid, se sont élevés pour réclamer «la destitution» de Bouteflika. Par l'image, le chef de l'Etat a répondu en tenant deux Conseils des ministres en l'espace d'un mois. D'abord le 6 septembre dernier où le plan d'action du gouvernement d'Ahmed Ouyahia avait été adopté, puis le 4 octobre, réunion ayant sanctionné l'adoption de l'avant-projet de loi portant révision de la loi sur la monnaie, autorisant le recours au financement conventionnel.