L'Irak interpelle la justice pour annuler l'élection pour l'indépendance de la région autonome du Kurdistan. Un tribunal de Baghdad a ordonné hier, l'arrestation du président et de responsables de la Commission ayant organisé l'élection au Kurdistan irakien, note Abdel Sattar al-Bireqdar, porte-parole du Conseil suprême de la magistrature. Cette décision a été rendue après que la justice a été saisie par le Conseil de la sécurité nationale, présidé par le Premier ministre irakien Haider El Abadi et où siègent plusieurs ministres. Elle s'inscrit dans la continuité de la décision rendue par la Cour suprême, plus haute instance judiciaire centrale, le 18 septembre dernier. Elle avait décidé de suspendre la tenue de l'élection dans la région autonome du Kurdistan, le jugeant contraire à la Constitution. L'ordre d'arrêter les responsables de l'organisation du référendum rendu par le tribunal de Rassafa, la rive est du fleuve Tigre, empêche de fait les trois responsables kurdes de circuler dans les provinces irakiennes, hors des trois gouvernorats de la région autonome. Une décision pas anodine sachant qu'ils effectuaient de nombreux déplacements vers Baghdad pour rencontrer des responsables et les convaincre du bon sens de ce vote. Hendren Saleh, le président de la commission, ainsi que Yari Hadji Omar et Wahida Yofo Hermez «ont organisé le référendum en contrevenant à la décision de la Cour suprême» irakienne, a-t-il fait valoir. La Cour suprême, plus haute instance judiciaire centrale, avait décidé le 18 septembre de suspendre cette consultation dans la région autonome du Kurdistan, la jugeant contraire à la Constitution. L'ordre d'arrêter les responsables de l'organisation du référendum a été rendu par le tribunal de Rassafa, sur la rive est du fleuve Tigre, qui englobe la moitié de la capitale irakienne. Plus tôt dans la journée, la Cour suprême irakienne s'était dite incompétente pour statuer sur le sort des députés du Parlement irakien ayant promu l'indépendance au Kurdistan irakien. Ces recours interviennent deux semaines après le triomphe du oui lors de l'élection controversée organisée par le gouvernement régional du Kurdistan irakien. Il y a quelques jours, l'Irak a exigé à la Turquie et l'Iran de fermer leurs frontiéres avec le Kurdistan. L'Iran et l'Irak ont entamé des manœuvres communes à la frontière avec le Kurdistan irakien, une semaine après l'élection d'indépendance au Kurdistan. L'indépendance de la région autonome du Kurdistan est dénoncée par de nombreux pays. Pour les pays occidentaux, l'indépendance ne favorise pas la lutte contre Daech. L'ONU a exigé le report de l'élection pour l'indépendance, mais les responsables de la région autonome du Kurdistan ont refusé de respecter la communauté mondiale. Les commentaires du président turc sont hostiles à l'indépendance du Kurdistan. Nous prendrons toute mesure qui se fonderait sur le droit et sur l'autorité de la grande Assemblée nationale de Turquie, a-t-il fait savoir dans un texte. L'Irak envoie des troupes à Kirkouk L'option militaire est peut-être choisie par l'Irak contre l'indépendance de la région autonome du Kurdistan. Un groupe issu des forces de sécurité irakiennes arriveront bientôt à Kirkouk afin d'y assurer la sécurité des habitants. Hier, des commandants de l'armée régulière irakienne se sont réunis pour examiner le projet de l'envoi d'un groupe des forces de sécurité à Kirkouk afin de garantir la sécurité des habitants. L'acheminement de ce contingent à Kirkouk s'inscrit dans le cadre d'une série d'efforts de Baghdad, destinés à renforcer son occupation sur les régions disputées entre l'Irak et la région du Kurdistan. Après l'occupation des parties du territoire irakien par le groupe terroriste Daech, en 2014, les miliciens des Peshmergas kurdes ont libéré des parties de Kirkouk et en ont pris le contrôle en dépit de la promesse qu'ils avaient déjà faite. Les Peshmergas avaient promis de confier le contrôle des régions qu'ils libéreraient au gouvernement central de Bagdad. Cependant, ils ont placé sous leur joug, pendant les deux dernières années, plusieurs parties de Kirkouk qu'ils avaient libérées. À l'issue du référendum sur l'indépendance du Kurdistan, le gouvernement irakien a demandé aux forces kurdes de quitter Kirkouk. Bien que Kirkouk ne se situe pas à l'intérieur des frontières que le Kurdistan s'est fixées, Erbil y a pourtant tenu l'élection pour l'indépendance.