Accidents de travail et maladies professionnelles à Tizi Ouzou La Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (CNAS) de Tizi Ouzou a organisé, lundi dernier, la 6e édition des journées portes ouvertes sur la prévention des accidents de travail et des maladies professionnelles.
Organisées au niveau de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, ces portes ouvertes qui se tenaient généralement au mois d'avril ont été reportées cette année, selon les organisateurs, au mois de novembre à la demande de l'Organisation mondiale du travail (OIT), dont fait partie l'Algérie en qualité de membre. Dédiées aux travailleurs et employeurs de tous les secteurs d'activités chez le public et le privé, ces journées portes ouvertes ont été une occasion pour les travailleurs et les employeurs de se familiariser avec la culture de la prévention contre les différents accidents de travail et maladies professionnelles ainsi que sur les droits et devoirs de chaque partie. «Nous voulons surtout permettre aux travailleurs de connaître leurs droits face aux différents accidents de travail à travers les assurances garanties par la CNAS mais aussi permettre aux employeurs de se familiariser avec la législation régissant la gestion de ce genre d'accidents», affirme un représentant de la CNAS. Cette 6e édition marquée par la participation de plusieurs acteurs en relation avec le thème à savoir la Protection civile, de l'inspection du travail et de la Caisse nationale des congés payés et du chômage intempéries (CACOBATPH), a été aussi une occasion pour les travailleurs et les chefs d'entreprises de s'informer sur les risques encourus avec les nouvelles techniques de production introduites dans les entreprises. La CNAS mise sur la prévention A propos des accidents liés au travail, il a été enregistré selon les services de la CNAS de Tizi Ouzou, 134 accidents graves durant l'année 2016 à travers le territoire de la wilaya. Selon Belkacem Baik, responsable de la prévention à la CNAS, la majorité de ces accidents ont été enregistrés dans le secteur du bâtiment avec une moyenne de 50% suivi par les accidents de l'industrie du bois et de la métallurgie. «Pour le bâtiment, il s'agît essentiellement de chutes alors que pour la métallurgie et l'industrie du bois, les accidents les plus fréquents sont liées à des amputations», explique ce responsable qui, tout en précisant que la législation algérienne accorde une attention particulière aux accidents de travail en assurant, notamment, une rente à 100 % pour chaque arrêt de travail lié à un accident sur le lieu du travail, a tenu toutefois a mettre en exergue le manque de la culture de prévention chez la majorité des travailleurs et de leurs employeurs d'où, selon lui, la nécessité de tout un travail en amont, afin de diminuer le nombre d'accidents de travail et de maladies professionnelles. «Il faut accorder une place importante à la médecine du travail à travers l'introduction de la visite d'embauche. Cette visite préalable va déterminer l'aptitude de chaque postulant à un travail, tout comme elle va permettre de réduire au maximum les risques d'accidents et de maladies professionnelles», affirme Belkacem Baik. Pour rappel, lors d'une journée d'étude sur «la sécurité et la santé au travail», organisée le mois de mai dernier au CHU de Tizi Ouzou, les professionnels de la santé ont mis l'accent sur la nécessité d'améliorer la capacité du système national de gestion de sécurité et de la santé en milieu du travail et qui devient, selon eux, une exigence afin de déterminer les secteurs dangereux pour les travailleurs, mettre en place les mécanismes préventifs et, surtout, d'assurer la traçabilité individuelle des expositions professionnelles des salariés. D'ailleurs, à cette occasion, le professeur Zatout a mis en garde contre la prévalence des accidents de travail qui sont, selon lui, en nette augmentation dans le monde. Pour illustrer ses propos, il a affirmé que chaque 15 secondes, un travailleur meurt suite à un accident de travail, soit 6 300 décès par jour, ce qui représente 3,2 millions accidents liés au travail recensés annuellement. D'après lui, 2 800 milliards de dollars d'indemnisations sont déboursés chaque année à travers le monde pour les défaillances de prévention de ces accidents de travail. De son côté, le Pr. Mezdad a présenté un exposé sur l'état des lieux de la sécurité et de la santé de travail en Algérie. D'après elle, beaucoup reste à faire pour protéger les travailleurs de ces accidents. «Les supports utilisés en santé de travail sont insuffisants alors que les fiches et les attestations d'exposition aux dangers du travail sont quasiment inexistantes sur les lieux du travail», a-t-elle regretté. A cet effet, elle a plaidé pour la mise en place de registres pour les professions à risques et la création d'un concept multidisciplinaire, dont l'objectif est de promouvoir la sécurité et la santé au travail. «Il faut que chaque salarié ait son dossier médical en vue de lui permettre de travailler sereinement et améliorer la politique de la sécurité de travail», a-t-elle également plaidée.