Un policier qui s'apprêtait à arrêter un voleur, a été agressé par ce dernier et pris à partie par la foule.Si l'on prend compte de l'histoire qui va suivre, l'on se demanderait si l'abus de pouvoir des services de sécurité dans notre pays ne serait qu'un mythe ancré dans les mentalités algériennes. Un citoyen qui a vécu une scène très révélatrice a accepté de nous livrer son expérience.L'histoire s'est passée à El Kittani, dans le quartier populaire de Bab El Oued, il y a environ deux mois. Alors que Nacéra B. s'apprêtait à prendre le bus, un policier en civil lui annonça que son portable a été volé de sa poche par un garçon de quinze ans qu'il tenait avec force. Le voleur se tortillait dans tous les sens pour prendre la tangente. Quelques minutes avant, l'agent en service l'a pris en flagrant délit au moment où la foule se précipitait pour prendre place dans le bus. Notre témoin a suivi dès lors le policier qui détenait le jeune malfaiteur pour le conduire au commissariat du coin. Jusque-là, les faits relèvent d'une scène des plus ordinaires. Les événements prirent de l'ampleur, cependant, dès que le petit bandit fit sortir «ses griffes» contre le policier qui avait les bras en sang devant le regard approbateur de la foule. Entre coups, morsures et griffes, le policier qui essayait d'appeler du renfort perd son talkie-walkie après avoir reçu un coup du malfaiteur. Ce dernier ne s'est guère contenté de se tordre par terre, histoire d'impressionner les curieux présents sur les lieux, mais braillait qu'il était innocent. «Il a même déclaré à la foule qu'il était orphelin des deux parents et qu'il a été malmené injustement par le flic. Chose qui n'était pas vraie, d'après ses révélations au commissariat», raconte notre interlocutrice qui ne savait plus où donner de la tête, tant la pression des spectateurs qui lui demandaient de pardonner au voleur montait au fur et à mesure que le voleur se plaignait. Et c'est là que les individus autour commencèrent à clamer justice en agressant verbalement le policier. Du coup, le policier est devenu l'accusé. Il s'est fait traiter de tous les noms par certaines personnes. Sous le regard méprisant de la foule qui encourageait le voleur à se défendre, l'agent de police rejoint la fourgonnette de ses collègues qui étaient arrivés, suivi du témoin et traînant le voleur. A la vue des bras ensanglantés de l'agent au commissariat, le commissaire ne se doutait pas qu'il s'agissait d'un acte venant d'un mineur maigrichon. Un questionnaire se déroula dans les règles de l'art. Notre narrateur confirme les faits en témoignant en faveur du policier. Et c'est ainsi que l'affaire fut transférée à la justice. Assister à des vols de téléphone portable est devenu tellement banal de nos jours. Mais est-il normal de malmener une personne qui fait son travail en punissant les malfaiteurs ?