Le président français Emmanuel Macron, a finalement calé sa première visite en Algérie. Il a confirmé ce déplacement suite à la question d'un habitant de Tourcoing, au nord de la France. Le «format» de cette annonce, qui s'écarte du cadre officiel, en dit déjà long sur ses motivations. Cela prend l'allure d'une visite presque anecdotique, tant Macron n'a pas jugé utile de faire preuve d'un peu de tact en lui donnant un caractère solennel. Ceci d'autant plus que l'Algérie n'est pas n'importe quel pays. Historiquement, économiquement, cultuellement et humainement. Il va sans dire qu'il s'agit bien de sa première visite officielle en tant que président français. A sa décharge, il n'était pas responsable de l'ajournement de ce déplacement aussi symbolique que politique. Mais, tout de même… A vrai dire, la relation entre l'Algérie et la France s'est quelque peu banalisée. Vu d'Alger, on semble édifié qu'il ne faut pas trop se fier aux discours électoraux des candidats. Une fois installés au palais de l'Elysée, les présidents français se suivent et se ressemblent, à quelques petites formules sentimentales près qui titillent notre ego. Comme Hollande et avant lui Sarkozy, tout se réduit finalement à une question de style. Entre le provocateur attitré Sarkozy et le gentil gendre Hollande, Macron peut s'intercaler parfaitement comme un fils de bonne famille, et même ses mots peuvent dépasser sa pensée. A l'arrivée, il n'y a pas vraiment de grande différence entre les trois, voire même avec le patriarche Chirac durant le règne duquel fut adaptée la scélérate loi du 23 février 2005 qui glorifia la colonisation française. L'adage selon lequel qui aime bien châtie bien trouve ici toute sa signification. Mais à bien y réfléchir, peut-on reprocher aux présidents français de défendre en toute circonstance et par tous les moyens leur pays ? Evidemment non. Si Hollande n'a pas jugé utile de reconnaître les crimes coloniaux comme il l'avait promis, c'est qu'il n'y a pas été contraint. De la même manière, si le candidat Macron, qui décréta ici même à Alger, que la colonisation était un «crime contre l'humanité» (sic), mais s'est tu dans la peau de président sur les tragiques événements du 17 octobre 1961, il doit y avoir une raison. Une raison d'Etat qui postule que les lignes ne doivent pas bouger toutes seules quand il s'agit de traiter avec l'Algérie. La France officielle ne fait pas de cadeau. C'est comme cela et il faut le comprendre définitivement. Il nous appartient, à nous Algériens, de nous faire respecter. La relation passionnelle et passionnante avec la France ne doit pas se réduire au nombre de visas accordés à nos ressortissants. Cette histoire de visas et d'autres encore fausse complètement l'équation de deux pays qui prétendent établir un «partenariat d'exception». Qu'est-ce qu'il y a vraiment d'exceptionnel dans les rapports franco-algériens, sinon les dommages collatéraux d'un divorce mal digéré d'un couple qui se dispute la garde des enfants, pour reprendre une formule bien inspirée ? Il faut pourtant se garder de pointer la responsabilité de la France et les annonces en trompe-l'œil de ses présidents. Il faut se départir de cette vision presque paternaliste en Algérie qui consiste à réclamer de la France des mesures et des avantages, comme si nous étions liés à elle. Qu'on se le dise bien : le mal est en nous. Si Paris hésite et évite certains sujets, c'est parce qu'il n'est pas bousculé. Alors, que Macron vienne au début du mois prochain ou ne viendra pas, ça ne changera pas grand-chose à la donne. C'est tout juste si l'on pourrait capitaliser politiquement ce crochet algérois pour des agendas internes. Quant à l'usine Peugeot, comme celle de Renault d'ailleurs, ce n'est rien d'autre que de l'importation déguisée. Cerise sur la gâteau, ce nouveau-né du partenariat «gagnant-gagnant» pourrait meubler la rhétorique famélique de «l'ami de l'Algérie» qui n'aura rien à offrir à par les visas. Un bel ami…