Séminaire sur l'entrepreneuriat à l'université Mouloud-Mammeri L'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a organisé, samedi et dimanche derniers, un séminaire national sur l'entrepreneuriat et dynamique territoriale avec la participation de plusieurs enseignants et chercheurs venus de différentes universités et centres de recherche du pays. Inauguré par le wali de Tizi Ouzou en présence du recteur de l'UMMTO, le professeur Ahmed Tessa, ce séminaire marqué également par la participation des représentants de différents organismes et institutions en relation avec le secteur à l'instar de l'ANSEJ, de la CNAC et de l'Angem, a été une occasion pour aborder plusieurs thématiques liées à l'entrepreneuriat mais aussi à la relation entre l'université et le monde de l'entreprise. «Je considère cette rencontre comme très opportune, car elle est consacrée à des thèmes d'actualité qui accaparent l'intérêt des chercheurs et l'attention des pouvoirs publics. C'est presque une évidence que de dire que l'entreprise est un des leviers de la croissance économique et sociale dans toutes les contrées du monde», a indiqué le wali de Tizi Ouzou, Mohamed Bouderbali, lors de son allocution, tout en précisant que l'entreprise pousse la roue du développement et contribue à l'aménagement du territoire qu'elle façonne et conditionne. Pour ce qui est des possibilités d'investissement, le wali a indiqué que des efforts sont fournis pour réhabiliter les nombreuses zones d'activités de la wilaya, assainir le foncier industriel et créer deux zones industrielles dont celle de Souamaâ qui, à elle seule, couvrira une superficie de plus de 300 hectares. «Ma conviction est que la création de richesses et d'emplois passe nécessairement par la création d'entreprises dans tous les secteurs. De jeunes investisseurs se sont déjà installés dans la région et leurs efforts ont été couronnés de succès. Ils constituent des exemples à suivre», ajoute le chef de l'exécutif, non sans relever que la wilaya de Tizi Ouzou possède également des atouts non négligeables à tous les niveaux. «Je pense surtout à l'université qui dispose d'enseignants chercheurs et de laboratoires qui seront d'un grand apport pour le développement. Une véritable synergie devra être créée entre les entreprises et l'université où se brassent des idées originales qui peuvent servir à des projets très intéressants. J'exhorte nos jeunes doctorants à accorder de l'intérêt au développement local lors des choix des sujets de leurs recherches. Leurs contributions sont très attendues et devront être très bénéfiques» lance le wali. Ce séminaire constitue également une opportunité pour évoquer le rôle de l'entreprise dans le développement économique du pays, indique Belaid Abrika, enseignant à l'UMMTO et président du comité scientifique de ce séminaire, placé sous le thème «Processus entrepreneurial, compétences, gouvernance et dynamique territoriale en Algérie». Susciter un esprit d'entrepreneuriat chez l'étudiant Selon lui, le développement de l'entreprise nécessite la mise en place d'une stratégie adaptée aux besoins exprimés, en citant notamment la question de la disponibilité du foncier industriel et le financement bancaire. «La réussite de nos entreprises dépend surtout d'une décision politique car on ne peut pas inciter quelqu'un à créer une entreprise si l'Etat ne met pas en place un environnement favorable. Il faut surtout de la transparence dans tout le processus qui va du financement, de l'octroi des terrains, des aides et de la fiscalité», affirme Belaid Abrika qui a plaidé pour la mise en place d'une stratégie industrielle et surtout la création de ce qu'il qualifie de donneurs d'alertes et qui auront pour rôle, explique-t-il, d'alerter les responsables à chaque fois qu'un manque est signalé. Belaid Abrika, qui estime que la sortie de l'économie informelle nécessite une batterie des mesures incitatives en direction des porteurs de projets, a surtout insisté sur la nécessité de mettre fin de la gestion clientéliste de certains secteurs économiques en citant l'exemple du secteur de l'eau où des projets sont confiés non pas en fonction des moyens et des compétences de l'entreprise postulante mais selon la tête du client. Ce séminaire a été aussi une opportunité pour université Mouloud-Mammeri de s'ouvrir sur son environnement, notamment dans le domaine de entrepreneuriat, comme nous l'a affirmé Makhlouf Malik, vice-recteur chargé des relations extérieures, en citant la création récente du Bureau de liaison, entreprises-université (BLEU), pour être une véritable passerelle entre l'université et le monde économique. A cet effet, plusieurs conventions ont été signées par l'UMMTO avec différents partenaires (ANSEJ, CNAC, FCE), des entreprises publiques et privées et des directions de wilaya dans le but d'initier les étudiants à la gestion des entreprises et l'intégration du monde des affaires, en plus du lancement de projets et de laboratoires communs, en vue de constituer une locomotive pour un développement économique durable au niveau local. C'est dans ce sens d'ailleurs que la direction de l'ANSEJ de Tizi Ouzou, a initié des sessions de formation au profit des étudiants et des diplômés de l'UMMTO, dans le but d'initier ces derniers au monde du travail et de l'entreprenariat. «Nous sommes à notre troisième session de formation pour les étudiants dans le cadre d'un partenariat avec l'UMMTO, afin de les accompagner dans la recherche de l'idée, la création et le gestion de leur future entreprise selon les recommandations du Bureau international du travail (BIT)», explique Chafa Hammour, maître formateur à l'ANSEJ de Tizi Ouzou, qui a reconnu avoir constaté un engouement des étudiants pour ce genre de formation dans le cadre de ce partenariat, qui a non seulement amélioré la formation universitaire, mais, également, suscité un esprit d'entrepreneuriat chez l'étudiant pour créer son propre projet dans divers domaines, notamment dans le dispositif de l'Ansej qui facilite et soutient la création d'une microentreprise, explique notre interlocuteur. L'autre organisme concerné par ce partenariat est la Caisse nationale des assurances chômage (CNAC), à travers la tenue des séminaires et des formations au profit des diplômés universitaires âgé entre 30 et 50 ans pour les accompagner dans la création de leurs entreprises. Parmi les opportunités qu'offre la CNAC, on citera le cabinet groupé qui consiste à accorder un crédit d'un million de dinars pour les diplômés exerçants des fonctions libérales, à l'instar des avocats et des médecins pour assurer la location en plus du crédit de dix millions de dinars pour l'achat des équipements nécessaires, nous a indiqué Nassima Boukella, chargée de la formation et des études techniques à la CNAC de Tizi Ouzou. Que d'entraves ! De nombreux intervenants lors de ce séminaire, durant lequel près d'une quarantaine de communications ont été présentées par des spécialistes et docteurs en économie, ont été unanimes sur les différentes entraves que rencontrent les jeunes promoteurs. En effet, selon Melle Boudia Mounya, doctorante en économie qui a présenté une communication autours du thème «Les dispositifs au service du développement des PME en Algérie», et qui a traité de la contribution des dispositifs de financement dans le développent des PME qui œuvrent dans la création de l'emploi, il s'est avéré que ces dernières se heurtent à plusieurs contraintes dont celle du manque de compétences humaines, mais aussi d'ordre administratif, charges fiscales et des difficultés d'adaptation au développements technologiques. Même si près d'un million d'entreprises ont été créées entre 2006 et 2010, notamment dans le secteur des services et de l'artisanat, l'oratrice a noté la dominance du caractère familial qui est de l'ordre de 95 %. Comme elle notera l'absence des conditions favorables à la création de nouvelles entreprises et au développement de celles qui existaient auparavant. Ainsi, elle notera, à ce propos, qu'il faut en moyenne 20 jours pour la création d'une entreprise en Algérie, alors qu'il en faut 11 en Tunisie, 9 au Maroc et 7 en France. S'agissant des procédures à entreprendre, elle comptera 12 procédures en Algérie, 9 en Tunisie, 4 au Maroc et 3 seulement en France.