Un colloque sur les perspectives du cinéma africain intitulé “Quels modèles d'avenir pour le cinéma africain ?” s'est tenu hier et avant-hier à l'hôtel El-Aurassi, et ce, dans le cadre du programme cinéma du 2e Festival culturel panafricain. Le cinéma africain a été passé à la loupe ! En effet, un colloque portant sur les modèles d'avenir pour le cinéma africain a réuni, un grand nombre de cinéastes et de praticiens du 7e art africain, les 10 et 11 juillet passé. En préambule et avant le début des travaux de ce colloque, le cinéaste sénégalais Mahama Johnson Traoré, membre du jury de l'aide à la coproduction africaine, a annoncé le nom des quatre lauréats du concours qui verront leurs projets cinématographiques concrétisés puisqu'ils seront financés. Le jury de ce concours présidé par Ahmed Bédjaoui, compte parmi ses membres Zehira Yahi, le cinéaste Mahama Johnson Traoré, le directeur général du Centre national du cinéma gabonais (également président de Fepaci – la Fédération panafricaine des cinéastes) Charles Mensah, le cinéaste tunisien Mahmoud Ben Mahmoud et le monteur algérien Noureddine Touazi. Le jury a reçu 33 projets de courts-métrages et son choix s'est porté sur le Cameroun pour Bakassa d'Auguste Kouemo, le Gabon pour Elle s'amuse de Nadine Ostobogo, le Sénégal pour La petite maman de Tierno Ibrahima Sane, et la Tunisie pour Le Stade de Alaa Eddine Slim. Quatre longs-métrages fiction ont également été sélectionnés : Segoufanga de Mambaye Coulibaly du Mali, La Bague de Mariage de Rahmatou Keita du Niger, Sokho de Marie Ka du Sénégal, et El Ziara ou Lune noire de Nawfel Ettaba de Tunisie. De son côté, la chaîne TV5 Monde en collaboration avec le Panaf, la chaîne octroie deux bourses de réécriture après délibération du jury à Mariama Sylla du Sénégal pour Le silence de l'aïeul, et à Mweze D. Ngangura de la République démocratique du Congo, pour La vie est ici. Pour sa part, l'Algérie n'a, malheureusement, reçu aucun prix. D'autre part, durant ce colloque, un débat a eu lieu entre le président du Jury, Ahmed Bédjaoui, et les scénaristes présents, autour de la situation vacillante du cinéma africain sur le plan international, et la difficulté des cinéastes du continent à se frayer un chemin et à décrocher une place au soleil, dans le monde du 7e art. “Le cinéma africain ne s'impose pas, les productions sont rares et nos Etats ne nous aident pas pour le financement. Un cinéaste ne peut pas créer une industrie c'est à l'Etat d'y remédier”, a déclaré le cinéaste sénégalais William Mbaye. Une autre problématique assez épineuse qui touche notamment l'Algérie : les salles de cinéma. Si elles sont quasi inexistantes dans certains pays, dans d'autres, les salles sont vides. La culture des cinémas est inexistante dans notre continent. D'ailleurs à ce propos, la réalisatrice tunisienne Nadia Djani a déclaré : “Nous avons constaté que durant ce Panaf, le public était absent durant la projection des films, cela est dû à la non-prise en charge dès l'enfance, car tout est enseigné à l'école sauf le cinéma.” Cependant, le cinéma africain connaît plusieurs autres difficultés, notamment au niveau de la distribution. “À Cannes, il y a eu seulement un film. Je ne comprends pas pourquoi nos Etats nous poussent à ramener de l'argent ailleurs ! Les films sont seulement distribués dans les petites salles et les télévisions n'achètent pas nos films”, a déclaré un des intervenants, tout en remettant en question ce colloque en ajoutant : “Il faut qu'il y ait du concret.” En somme, ce colloque a permis aux cinéastes et réalisateurs d'extérioriser leur frustration, et d'évoquer la difficulté d'exister par son art. Les assises du cinéma prévues pour 2010, pourraient éventuellement être plus fructueuses que ce colloque, qui a déjà le mérite d'avoir amorcé le débat. Hana Menasria