La pomme de terre est taxée ces derniers jours à 35 DA le kilogramme au niveau des étals dans la wilaya de Aïn Defla, alors qu'elle n'était qu'à 22 DA. Cette hausse vertigineuse des prix a surpris le consommateur qui ne sait plus à quel saint se vouer.En effet, les marchands de fruits et légumes expliquent cette augmentation du prix du tubercule par la rareté des produits maraîchers de saison tels que la tomate et le poivron sur le marché. «On arrive difficilement à s'approvisionner en pomme de terre à 25, 26 et 28 dinars», indique un marchand de légumes. Les petits ménages qui ne peuvent plus s'offrir une salade de tomates se sont rabattus sur la frite-omelette, d'où une plus forte demande sur la pomme de terre. Le directeur des services agricoles que nous avons rencontré hier affirmera que la production a été très bonne cette année et que les prévisions ont été largement dépassées, sauf que les fellahs, après la situation vécue l'année passée où les prix de la pomme de terre on atteint la barre des 100 DA le kg, comptent réaliser des bénéfices durant la période de soudure qui s'étalera du mois d'août à début novembre, en stockant leur production. «D'importantes quantités ont été stockées», dit le DSA. Rappelons que l'Etat, dans le but de réguler le marché de la pomme de terre, avait chargé l'entreprise Cetrade de gérer le Syrpalac II (Système de régulation des produits à large consommation), seulement, cette entreprise, en fixant ses conditions d'achat aux producteurs, à savoir le calibre du tubercule qui doit être sain, stockable et à un prix de 20 DA le kg à la livraison au niveau des chambres froides, n'a réussi au 2 juillet à collecter que 70 000 quintaux alors que ses prévisions étaient de 300 000 à 350 000 quintaux. «Les fellahs n'ont pas adhéré à ce programme en stockant eux-mêmes leur production», dit un producteur en expliquant : «Je stocke du tout-venant et lors du déstockage, je fais le tri de la semence et de la consommable», avoue-t-il, en ajoutant qu'il économisait ainsi les frais de triage et d'emballage. Les fellahs qui stockent la pomme de terre hors froid ne tarderont pas à la mettre sur le marché du fait qu'ils vont devoir planter pour l'arrière-saison à compter de la mi-juillet pour peu que les services de l'Onid les fournissent en eau pour l'irrigation. «Avec cette chaleur, on préfère déstocker le plus vite possible», signale un fellah de Mekhatria, en précisant que cette situation était prévisible avant la récolte, une stratégie menée par les gros producteurs et propriétaires de chambres froides afin de maintenir le prix du tubercule à 40 DA le kg. Par ailleurs, certains producteurs préfèrent écouler leur produit loin de tout contrôle pour échapper au fisc et toucher du liquide au lieu de passer par les banques. «Un gros producteur ne déclare jamais sa production», précise un chef de service du commerce. «D'ailleurs, nous n'avons aucun moyen de le contrôler», ajoute-t-il. Notons que la récolte de la pomme de terre s'est achevée à la fin du mois de juin et que la campagne de plantation d'arrière-saison débutera dans les jours à venir.