Le délibéré de l'affaire de falsification des résultats dans les épreuves d'accès au grade de commissaire principal à l'Ecole supérieure de Châteauneuf, organisées en 2007, sera rendu le 19 juillet. «C'est une pièce de théâtre dramatique.» C'est ainsi que maître Mustapha Bouchachi, avocat constitué dans l'affaire, a qualifié le procès. «Je n'ai jamais assisté à une affaire pareille, durant ma carrière. Les accusés ont été poursuivis pour une affaire de falsification des notes d'un concours intérieur», a expliqué l'avocat de Corso Abdelkader, candidat suspect. Et de poursuivre : «Ceux qui ont mené l'expertise faisaient partie de la liste des candidats qui ont raté le concours. Peut-être que ce sont eux qui sont derrière la lettre anonyme qui a fait éclater cette affaire.» Six cas de falsification ont été repérés mais seul Corso Abdelkader a été poursuivi en justice. Ce qui a amené les avocats de la défense à s'interroger quant à l'arrière-plan de cette poursuite. «La sélectivité des personnes poursuivies en justice rend compte des intentions de ceux qui sont derrière ces manœuvres, a précisé maître Bouchachi, qui a insisté sur le fait que poursuivre un candidat en justice car ses résultats sont suspects est un phénomène nouveau. Il est allé plus loin en indiquant : «Si cette logique est acceptée, il faut qu'on brûle tous les livres de droit.» C'est le niveau d'instruction, à savoir la terminale, qui a été remis en cause par ceux qui se sont constitués partie civile dans cette affaire. Cependant, 15 autres candidats ayant le même niveau avaient réussi leur concours. Ils ont entamé leur formation sans aucune polémique ni poursuite judiciaire. La raison de cette poursuite est la promotion de cet officier, a précisée l'avocat de la défense. Car l'affaire pourrait être résolue par un conseil de discipline qui ne dépassera pas 10 minutes. En revanche, l'avocat de Dridi Marzak, directeur de l'Ecole de police de Châteauneuf, a relevé les anomalies que contenait le cahier des charges de ce concours. «15 jours avant le concours, il y avait 22 cas de copiage parmi les rangs des officiers mais le fait est considéré comme une affaire intérieure», a déclaré cet avocat. Il a insisté sur le fait que le ministre de la Justice a ordonné l'identification des lettres anonymes vu le caractère de vengeance qu'elles portent. Mais dans cette affaire, rien n'a été fait. La plaidoirie a duré plusieurs heures. Les avocats de la défense ont signalé autant d'anomalies dans les PV présentés et dans la constitution de cette affaire, notamment l'expertise. En fin de séance, le juge a demandé aux accusés s'ils ont un dernier mot à dire. Ces derniers, ne retenant pas leurs larmes, ont clamé leur innocence. Dridi Marzak, qui a jeûné en cette journée caniculaire, a déclaré que ceux qui sont derrière son incarcération ont demandé à ses collègues, qui sont eux-mêmes accusés, de témoigner contre lui. Mais ces derniers ont peur de l'avouer. Cette déclaration a fait pleurer l'assistance, y compris les officiers de police qui ont assisté au procès. C'est ainsi que cet épisode de cette pièce de théâtre dramatique s'est terminé.