Ali Tounsi a annulé les examens d'accès au grade de commissaire principal destinés à une quarantaine de candidats. La décision a été prise à la suite des résultats du test qu'il a lui-même fait subir à une vingtaine d'entre eux. C'est à la suite d'une lettre dénonçant la complaisance dans les épreuves d'accès au grade supérieur que le DGSN a réagi. Le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Ali Tounsi, a annulé l'examen d'accès au grade de commissaire principal devant avoir lieu à l'Ecole supérieure de la police de Châteauneuf, à Alger, a-t-on appris de source policière. La décision a été prise après que le DGSN s'est rendu compte personnellement de « la complaisance » de certains responsables de l'école à l'égard des candidats. Selon nos sources, c'est à la suite d'une lettre de quelques officiers dénonçant « certaines pratiques de complaisance » liées aux examens que Ali Tounsi s'est déplacé en personne à l'Ecole supérieure de police de Châteauneuf, mettant tout le monde devant le fait accompli. Sur les quarante commissaires devant passer les épreuves, le DGSN a appelé les dix premiers inscrits sur la liste et les dix derniers pour leur faire passer l'examen. Il a lui-même improvisé les questions, sachant que le commissaire objet de contestation était en troisième position sur la liste. Même les surveillants ont été choisis par le DGSN qui voulait à tout prix vérifier les propos contenus dans la lettre qui lui est parvenue et dont une copie a été adressée à la présidence de la République. Les résultats de l'examen ont été catastrophiques et ont confirmé que de nombreux candidats, des commissaires, étaient très loin du niveau requis pour le grade. Le DGSN a alors annulé les épreuves et demandé aux 40 candidats, y compris ceux qui étaient proposés par leurs chefs hiérarchiques, de rejoindre leurs postes respectifs jusqu'à nouvel ordre. Selon nos sources, ce constat a mis en colère le DGSN qui a « savonné » non seulement le directeur de l'école, actuellement en congé de maladie, mais aussi le responsable de la formation. Une enquête interne a été ouverte et il n'est pas exclu que le dossier soit remis à la justice. Pour nos interlocuteurs, le DGSN a été très prompt à réagir du fait qu'il s'agit de la réputation de l'une des plus prestigieuses écoles de la sûreté nationale, mais aussi de la compétence des cadres supérieurs de l'institution qui sont appelés à diriger et à gérer les commissariats, mais également les sûretés de wilaya. Les officiers qui se sont plaints au DGSN auraient, selon nos sources, affirmé que les examens, que ce soit ceux pour l'accès au grade de divisionnaire, de commissaire principal ou tout simplement de commissaire, seraient « pour la plupart entachés de complaisance ». De ce fait, ils ont demandé une enquête approfondie pour situer les responsabilités dans ces « comportements » et redonner aux épreuves « leur vrai sens ». Face à ce constat, le patron de la Sûreté nationale a pris sur lui de déclencher une enquête au niveau de toutes les écoles et notamment celle de Châteauneuf, à Alger, où désormais tous les examens sont « frappés de suspicion ». Contacté pour plus d'informations, le chargé de la communication de la Sûreté nationale s'est refusé à tout commentaire, arguant du fait qu'il s'agit d'une affaire « interne à l'institution ». Cette affaire intervient quelques semaines seulement après la convocation par la justice de l'ancien inspecteur général de la Sûreté nationale et l'ex-chef de cabinet du DGSN, poursuivis pour faux à la suite d'une plainte déposée par Ali Tounsi. Il s'agit en fait d'un document, en l'occurrence une déclaration de dépôt de plainte contre un transporteur des étudiants, remis à Belkacem Brahimi, ex-directeur de la cité universitaire de Dergana, actuellement en prison, pour une affaire de corruption, que le DGSN estime n'avoir pas signé, alors que l'inspecteur général persiste et affirme que la signature est authentique. Dans une lettre adressée aux plus hautes autorités, l'ancien inspecteur général mis à la retraite anticipée a crié « au complot » à travers ce qu'il a qualifié de « falsification imaginaire » d'une attestation de dépôt de plainte « qui a pris sa source dans les coulisses les plus douteuses ». Il a appelé les autorités à ouvrir une enquête pour lever le voile sur les tenants et les aboutissants de cette affaire. Les mêmes appels ont été lancés par l'ancien chef de cabinet du DGSN qui lui aussi a dénoncé ce qu'il a appelé de « cabale ». Mais du côté de la justice, les deux ex-responsables ont été convoqués récemment dans le cadre de l'instruction après que le dossier ait été transféré du service de la police judiciaire près la sûreté de wilaya.