Le président français de droite, Nicolas Sarkozy, vient de jeter un pavé dans la mare en accusant l'Algérie de «mensonges», lui réclamant rien moins que de «dire la vérité» sur le massacre des moines de Tibhirine. Ces déclarations «intempestives» n'ont pas manqué de faire réagir la classe politique et autres organisations qui estiment à l'unanimité que l'Algérie n'a de leçons à recevoir de personne. Premier à réagir par le biais d'un communiqué, le Rassemblement national démocratique (RND) «dénonce avec force cette nouvelle provocation à l'égard de l'Algérie qui a souffert des affres du terrorisme dans le silence des uns et la complicité des autres». Tout en s'étonnant «de l'exhumation d'un tel sujet dans un contexte où la France officielle appelle de tous ses vœux la promotion des relations bilatérales entre les deux pays», le RND s'interroge «sur la relation éventuelle entre ces campagnes tendancieuses à l'encontre de notre pays, d'un côté, et l'attachement de l'Algérie à mettre à nu le fait colonial d'hier en même temps que la défense des intérêts de notre économie nationale». «Le Rassemblement national démocratique réitère son indignation face à toutes ces voix défaites qui s'élèvent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur (du pays) et qui s'emploient à semer le doute et faire échec au processus de développement étrenné par l'Algérie dans le cadre du programme quinquennal ambitieux de Son Excellence le président de la République», lit-on encore. Le chargé de la communication au MSP, Mohamed Djoumoua, abonde dans le même sens. «Nous dénonçons ces déclarations qui ne sont pas dénuées d'arrière-pensées politiques», a-t-il dit. «Lorsque l'Algérie subissait seule les affres du terrorisme, ces pays sont restés muets», rappelle-t-il. «Nous dénonçons vigoureusement ces manœuvres», conclut-il. Le Front de libération nationale (FLN), pour sa part, a réagi par l'entremise de son chargé de la communication, Saïd Bouhadja. «Le FLN dénonce avec vigueur cette énième manœuvre française», nous a-t-il déclaré. «Les déclarations de Sarkozy ont une visée politique», précise notre interlocuteur, qui estime que le président français veut «échapper aux pressions multiples qui exigent de la France de se repentir pour les crimes commis durant la guerre de Libération en tentant vainement de faire porter l'accusation à la partie algérienne». Une pression de plus en plus insupportable pour le président français, a encore expliqué Bouhadja, «d'autant plus que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, devrait se rendre en France dans quelques mois». Selon lui, l'information colportée par le général français «est un crime en elle-même». L'Algérie n'a pas à revisiter l'histoire, estime pour sa part maître Farouk Ksentini, joint hier à ce sujet, car les «déclarations intempestives de Sarkozy sont inopportunes, l'Algérie s'étant exprimée au moment des faits». Pour le président de la Commission nationale consultative de promotion et de défense des droits de l'homme (CNCPPDH), la sortie du président français est une «atteinte à la souveraineté nationale». L'Algérie n'est pas le Tchad, a-t-il argué, avant de s'interroger : «Veut-on forcer la main aux dirigeants actuels du pays ? Pour quel dessein ?» Si du côté de la «famille révolutionnaire», Saïd Abadou de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet, le président de l'Organisation nationale des enfants de chouhada (Onec), Tayeb Houari, assimile «la sortie de Sarkozy a un blocage de toute aspiration des peuples de la Méditerranée». Ce n'est qu'un prétexte, selon lui, pour fuir ses responsabilités. «Nous continuons à demander la reconnaissance et l'indemnisation des victimes des massacres commis par l'armée coloniale», dit-il, tout en suggérant au président français d'agir comme son homologue italien qui a fait un geste dans ce sens pour le peuple libyen. Tout en dénonçant les propos de Sarkozy, Khaled Bounedjma, président de la Commission nationale des enfants de chouhada (Cnec), les assimile à «une pression politique». Pour lui, la «manœuvre» du président français est intimement liée aux demandes de repentance de la France pour les crimes coloniaux, émanant des pays africains, à leur tête l'Algérie. «Le président français veut détourner l'opinion publique», estime notre interlocuteur.