Dans toute affaire de vol ou de coups et blessures, le juge est coincé lorsqu'il n'y a pas de preuve ou de témoins. Et c'est là que ça va grincer. Le parquet n'a pas de preuves à étaler et l'avocat saute sur l'occasion pour plaider le doute. Il ne restera alors au président de la section correctionnelle que le vide dans le dossier pour prendre ses responsabilités et juger sur pièces, souvent absentes. Le voleur de portables avait sur le dos un autre délit plus grave de «coups et blessures volontaires», fait prévu et puni par l'article 264/loi n°06-23 du 20 décembre 2006, c'est-à-dire que celle de 1975 avait été revue à la hausse, tant ce fléau était devenu à la longue insupportable pour la société et pour la jeunesse d'une façon particulière. D'ailleurs, cette loi de 2006 prévoit, outre une peine d'emprisonnement de un an au moins à cinq ans au plus, une amende de cent mille dinars à cinq cent mille dinars. C'est dire si le législateur veut taper fort sur les doigts et la poche de l'auteur. La victime était incapable de demander le montant des dommages et intérêts, devant la douleur causée et surtout la peur de voir l'inculpé assisté de Maître Mallia Bouzid, venue de Chéraga défendre les chances du détenu, avoir les grâces du tribunal car Djamila Benkhettou, la procureure, ne requiert jamais dans le vide. L'avocate considère un échange de coups et blessures. C'est une rixe. Il y a deux inculpés et deux victimes. «Auparavant, il y a eu des insultes proférées par la pseudo-victime. Mon client n'a jamais volé de portable. L'objet de la rixe n'a jamais été le portable. Nous ne comprenons pas pourquoi la victime a évoqué le vol où il n'y a aucun témoin des deux faits que ce soit les coups échangés ou le vol», a dit Maître Bouzid Boudemagh. La présidente de la section correctionnelle de Boufarik (cour d'Alger) a écouté avec beaucoup d'à-propos le réquisitoire de la procureure et la plaidoirie et décide de mettre en examen le dossier sous huitaine, c'est-à-dire que Hacène L. l'inculpé devra passer encore sept nuits à l'ombre avant de prendre connaissance du verdict, un verdict que Maître Mallia Bouzid avait voulu allant dans le sens du doute pour le vol du portable surtout que le 350 n'est pas bon à avoir sur le dos.