Il y a des avocats qui étaient, il n'y a pas longtemps, de l'autre côté du pupitre. Maintenant, ils ont gardé la robe noire mais celle de défenseurs des droits de l'homme, du citoyen, du justiciable et d'autres acceptent même d'être les avocats du diable. Maître Ouamara met au défi le parquet de Sidi M'hamed d'étaler sous les yeux de la juge la preuve matérielle, c'est-à-dire l'arme blanche évoquée à tout-va par la police judiciaire. MaÎtre M'henna Ouamara, l'avocat d'un inculpé pour coups et blessures volontaires, et où un arrêt de travail de douze jours avait pris place dans le dossier, avait eu l'occasion d'expliquer à la présidente les grands axes de ce dossier avec notamment l'éloquente absence de la victime. «Si vraiment cette victime avait eu mal, ou subi de gros préjudices moraux, pourquoi ne s'est-elle pas présentée ici devant nous pour affronter mon client qui n'y est pour rien dans cette histoire !, s'était exclamé l'avocat qui était, il n'y a pas si longtemps, un talentueux procureur à Bir Mourad Raïs (cour d'Alger) toujours prêt à bondir lorsqu'il y avait dans les airs, un certificat médical. Appréciant la manière avec laquelle la juge menait les débats, le défenseur ne se fit pas prier pour soulever un lièvre en s'exclamant encore une fois que tout certificat médical délivré par le médecin légiste comportait les déclarations de la victime et les constatations du médecin mais jamais, madame la présidente, les coordonnées de l'agresseur. Alors, que l'on ne vienne pas déposer plainte sans se soucier des autres car il s'agit de la liberté des gens !, avait encore articulé maître Ouamara qui avait réclamé la relaxe pure et simple. Car, jettera-t-il en guise de conclusion, «mon client a eu des mots avec la victime, mais à aucun moment il y a eu échange de coups !» Etranglé par l'indivisibilité du siège, le procureur de l'audience a demandé une peine de prison ferme de trois mois. Se tenant les tempes, la juge attendait de l'inculpé sous contrôle judiciaire le dernier mot prévu par la loi. «Sur mon honneur, je n'ai pas frappé ce monsieur. Nous nous sommes seulement chamaillés». «ça va, un mot ! Le tribunal ne vous a pas demandé une plaidoirie. Votre avocat est passé avant vous», tonne la présidente qui ne pouvait qu'accorder la relaxe au bénéfice du doute.