La douloureuse confrontation entre le détenu pour vol sur la voie publique, la victime et l'unique témoin, en l'occurrence le taxi-driver, aura permis au président de la section correctionnelle d'avoir une idée précise sur les faits. Cela même si l'avocat de la défense a tenté de jouer sur la couleur du maillot de corps que portait le jour des faits l'inculpé. Blanche pour la victime Yamina L., noire pour le chauffeur de taxi. Barik, le juge, avait passé beaucoup plus de temps à dévisager la «mine» de l'inculpé, et même l'intime conviction n'est acceptable qu'en criminelle, elle reste tout de même un indicateur pour tout magistrat de la correctionnelle. Mohamed B. est poursuivi pour vol sur la voie publique à l'encontre de Yamina L. flanquée de maître Abdelhakim Mouda. D'emblée, le détenu affirme ne pas connaître cette femme qui le contre avec la permission de Hadj Rabah Barik, le président. - «Oui, c'est lui, je n'oublierai jamais sa tête, sa face et son rictus au moment du forfait.» Maître Sabihi, l'avocat de l'inculpé, insiste, la victime tient bon. Le témoin de cette affaire, un taxi-driver, va tout déballer : «Au moment où elle descendait du véhicule, il s'est approché d'elle et s'est emparé de son portable», a dit le chauffeur qui assure qu'il était assis au volant lorsqu'il avait vu le voleur portant un maillot noir ! La victime a dit un maillot couleur... blanche ! «La dame l'avait prié de lui acheter un kg de poivrons, en revenant, il s'est emparé du phone», avait ajouté le témoin. Cela a suffi pour que maître Mouda s'emballe autour du méfait, de l'abus de confiance et de l'acte abject en lui-même car elle ne s'attendait pas à un pareil coup. - «Elle a d'ailleurs vite reconnu le voleur, libre à lui de nier mais les faits sont exacts et ma cliente a eu son compte sur le plan du traumatisme en voyant son appareil s'envoler et ses quatre mille dinars avec le prix du portable.» a souligné maître Mouda. «Cinq ans de prison ferme», marmonne Samir Hamel, le procureur, sûr de sa démarche puisque le jour des faits, c'était lui qui avait eu le privilège d'entendre toutes les parties. Intervenant à son tour, maître Sbihia tourne autour du doute et des nouvelles déclarations avec, cette histoire d'achat de poivrons qui n'a jamais été dit sur le procès verbal de police judiciaire. «Retenez les déclarations contradictoires car ce délinquant primaire a le bénéfice du doute. Il a un casier vierge», a ajouté le conseil qui est revenu longuement sur la déposition de la victime, celle du témoin et leurs propos à la barre considérant aussi que les déclarations contradictoires sont la preuve de l'innocence de Mohamed B. lequel n'a cessé de plaider non coupable, qu'il ne se trouvait pas sur la voie publique au moment des faits, a conclu le défenseur qui a demandé la relaxe ou si le tribunal retenait le délit, la relaxe au bénéfice du doute. Hadj Barik invite alors le détenu à prononcer le traditionnel dernier mot qui sera une phrase de sept mots :«Je suis vraiment innocent je le jure.» A l'issue de l'audience, Mohamed B. est relaxé au bénéfice du doute, alors que Yamina L. la victime était, elle, loin, très loin du tribunal et de Koléa.