Plus de 20 000 musulmans bosniaques ont commémoré hier à Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, le massacre en 1995 d'environ 8000 musulmans par les forces serbes bosniaques, la pire tuerie en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Quelque 160 autobus ont été mis à la disposition des participants depuis Sarajevo, mais nombre de personnes ont fait aussi le voyage en voiture, ont indiqué les organisateurs. Pour la première fois, cet événement devait être commémoré aussi dans les pays de l'Union européenne suite à une résolution adoptée en janvier par le Parlement européen. La Croatie voisine elle aussi a proclamé le 11 juillet comme journée de commémoration du génocide de Srebrenica. La cérémonie qui s'est déroulée au cimetière commémoratif de Potocari, situé à l'entrée de Srebrenica, a été marquée par l'enterrement des restes de 534 victimes identifiées, âgées de 14 à 75 ans au moment de la tragédie. Des restes de quelque 3200 personnes identifiées après avoir été exhumés de quelque 70 charniers de la région ont déjà été enterrés à Potocari depuis l'inauguration du mémorial en 2003. Le massacre de Srebrenica a été qualifié de génocide par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie et la Cour internationale de justice, la plus haute instance judiciaire de l'ONU. Mais en Bosnie, divisée depuis la fin de la guerre de 1992-95 en deux entités, l'une serbe et l'autre croato-musulmane, l'initiative du Parlement européen ne fait pas l'unanimité. Un projet de loi prévoyant une journée de commémoration «dans le pays entier» a été bloqué mercredi au Parlement par les députés serbes bosniaques. Les autorités serbes bosniaques ont admis en 2004 que les forces serbes avaient massacré quelque 8000 Musulmans de Srebrenica, mais elles ont toutefois condamné la résolution du Parlement européen au motif que la commémoration devait concerner l'ensemble des 100 000 morts du conflit bosniaque. Dans la journée, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a exprimé son soutien et sa sympathique aux survivants du massacre qui représente, a-t-il dit dans un communiqué, «le jour le plus sombre dans l'histoire de l'Europe depuis la Seconde guerre mondiale». Le Premier ministre a fait valoir que l'arrestation de Karadzic montre que si les responsables du génocide de Srebrenica peuvent fuir leurs responsabilités, «ils ne peuvent pas échapper à la justice». Inculpé pour le massacre de Srebrenica, l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a été arrêté en juillet 2008 à Belgrade après 13 ans de cavale. Il sera jugé par le TPI pour génocide, crimes de guerre et crime contre l'humanité. L'ancien chef militaire des forces serbes bosniaques, Ratko Mladic, inculpé des mêmes chefs d'accusation, est toujours en fuite.