Les Musulmans bosniaques commémorent aujourd'hui le génocide de Srebrenica dont c'est le 14e anniversaire alors que la rupture avec la communauté serbe est plus profonde que jamais depuis la fin du conflit intercommunautaire qui a ravagé le pays de 1992 à 1995. Plusieurs dizaines de milliers de personnes devraient assister aux cérémonies qui se dérouleront à Potocari, près de Srebrenica (Bosnie centrale), un mémorial érigé en 2002, où les restes de quelque 3200 victimes identifiées après avoir été exhumées de quelque 70 charniers découverts dans cette région, ont été enterrés à ce jour. Les cérémonies comprendront également les funérailles de quelque 500 corps exhumés de fosses communes et identifiés depuis. A Srebrenica, pire tuerie en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, quelque 8000 hommes et garçons musulmans ont été tués en l'espace de quelques jours, en juillet 1995, par les forces serbes bosniaques qui se sont emparées de l'enclave musulmane, alors sous protection de l'ONU. Le massacre, qualifié de génocide par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie et la Cour internationale de Justice (CIJ), plus haute instance juridique de l'ONU, doit être également commémoré à travers l'Union européenne (UE), suite à une résolution adoptée en janvier par le Parlement européen. Arguant que ce «carnage» constituait «un symbole de l'impuissance de la communauté internationale à intervenir dans le conflit et à protéger la population civile», les députés européens ont recommandé la célébration le 11 juillet d'une «journée de commémoration du génocide de Srebrenica, dans l'ensemble de l'UE», y compris dans les Balkans. Mais en Bosnie même, ethniquement divisée entre Serbes, Croates et Musulmans, cette initiative ne fait pas l'unanimité. Un projet de loi prévoyant une journée de commémoration «dans le pays entier» a été bloqué mercredi au Parlement bosniaque par les députés serbes bosniaques. «La Bosnie est confrontée à la pire crise politique depuis la guerre», a fait valoir l'analyste politique, Srecko Latal. «Ce qui est encourageant pour l'instant c'est que les tensions politiques n'ont pas eu d'impact sur les relations entre les gens ordinaire», mais, a-t-il mis en garde, «cette situation pourrait changer». Depuis la fin de la guerre, la Bosnie est divisée en deux entités, une serbe et l'autre croato-musulmane, unies par de faibles institutions centrales. Srebrenica étant située dans l'entité serbe bosniaque, la Republika Srpska (RS), les cérémonies de l'anniversaire du massacre sont considérées comme un événement à haut risque. Cette année, environ mille policiers vont être déployés pour assurer la sécurité des cérémonies. Les autorités serbes bosniaques ont admis en 2004 que les forces serbes avaient massacré quelque 8000 Musulmans de Srebrenica mais elles ont toutefois condamné la résolution du Parlement européen au motif que la commémoration devait concerner les 100.000 morts du conflit bosniaque. Deux principaux responsables inculpés pour ce massacre: l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et l'ancien chef militaire des forces serbes bosniaques, Ratko Mladic: le premier a été arrêté en juillet 2008 à Belgrade après 13 ans de cavale et sera jugé par le TPI pour génocide, crimes de guerre et crime contre l'humanité tandis que le second est toujours en fuite.