Des dizaines de milliers de personnes ont célébré, hier à Srebrenica, le 15e anniversaire du massacre de 8000 musulmans bosniaques par les forces serbes de Bosnie. Des dizaines de milliers de personnes ont participé, hier, à la commémoration du 15e anniversaire du massacre de Srebrenica durant laquelle le président américain Barack Obama et d'autres dirigeants ont appelé à l'arrestation du Serbe Ratko Mladic. Cette tragédie survenue en juillet 1995, au cours de laquelle périrent quelque 8000 musulmans bosniaques et qui fut le massacre le plus sanglant commis en Europe depuis la seconde guerre mondiale, a été qualifiée de «génocide» par la justice internationale. Les cérémonies, civile et religieuse, ont débuté en fin de matinée d'hier. Les cercueils des restes de 775 victimes recouverts d'un tissu vert ont été portés en terre dans l'après-midi au centre mémorial de Potocari, près de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie. A ce jour, près de 6500 des quelque 8000 victimes ont été identifiées par des tests ADN. 3749 d'entre elles sont déjà enterrées à Potocari. Plusieurs personnalités étrangères avaient fait le déplacement, dont le président serbe Boris Tadic. Dans un message lu devant la foule, Barack Obama a qualifié le massacre de «tache sur notre conscience collective» et appelé à l'arrestation de l'ancien général Ratko Mladic, chef militaire des Serbes de Bosnie au moment du massacre. «Il ne peut y avoir de paix durable sans justice», sans «la poursuite et la condamnation de ceux qui ont perpétré le génocide», a affirmé le président américain. Cela «inclut Ratko Mladic qui a présidé aux tueries et reste libre», a-t-il déclaré. Ratko Mladic a été inculpé de génocide par la justice internationale, en particulier pour le massacre de Srebrenica, mais il reste introuvable. Il pourrait se cacher en Serbie, et Belgrade assure tout faire pour le retrouver. Dans un message également lu, le Premier ministre britannique David Cameron a assuré que les responsables du massacre seraient «poursuivis sans relâche jusqu'à ce qu'ils comparaissent devant la justice». «Que la justice arrête surtout le général Mladic», a lancé le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, présent à Srebrenica. Dans la foule, il y avait de nombreux proches des disparus, toujours hantés par ces journées durant lesquelles les forces serbes bosniaques se sont emparées de l'enclave musulmane de Srebrenica, pourtant sous protection de l'ONU. Hatidza Mehmedovic enterrait hier son mari Abdulah et ses deux fils Almir et Azmir, agés de 17 et 20 ans à l'époque. «Je ne pouvais pas croire que quelqu'un ait été capable de commettre un tel crime», déclare cette femme, qui se rappelle avoir attendu pendant des jours l'arrivée des siens. En vain. Ramiza Gurdic, une mère de Srebrenica âgée de 63 ans, a perdu aussi ses deux fils et son mari. «Comment oublier, comment pardonner? J'y pense tous les jours. Je pense à eux quand je vois un garçon qui leur ressemble, quand je vois dans un magasin une mère qui achète des vêtements pour ses enfants». Le président serbe a expliqué samedi sa présence à Srebrenica comme «un acte de réconciliation et de construction de passerelles entre les nations de l'ancien Etat» yougoslave. Après des années en Serbie de déni du massacre, le Parlement serbe a adopté en mars une résolution condamnant (le massacre de) Srebrenica. Dans un geste de défiance, Radovan Karadzic, le chef politique des Serbes bosniaques pendant la guerre de 1992-1995, jugé pour génocide par la justice internationale, a été décoré samedi par son parti, à la veille de la commémoration.