L'Union pour la Méditerranée fête aujourd'hui son premier anniversaire avec la particularité de n'avoir inscrit à son palmarès aucune opération digne d'intérêt. Tout le long de ses douze mois d'existence, elle n'a initié aucune action susceptible de dynamiser la relation euro-méditerranéenne. Mieux, elle a été littéralement torpillée par un de ses membres, Israël. La mise en œuvre de cet ambitieux projet avait pourtant suscité un intérêt certain dans tous les pays du nord et du sud de la Méditerranée. Les dirigeants politiques de ces Etats estimaient, certainement à raison, que la nature de cet ensemble régional pouvait servir de trait d'union pour promouvoir aux quatre coins de la grande Bleue les nobles dimensions de partenariat, de coopération, de solidarité et de libre circulation des biens et des personnes. Un lancement en fanfare Cette entité méditerranéenne avait en outre suscité bien des convoitises au sein des pays influents de l'Union européenne. Sous la pression de la chancelière allemande Angela Merkel, l'UE avait exigé et obtenu l'association de ses 27 Etats membres à ce processus, consacré le 13 juillet 2008 à Paris en présence des dirigeants de seize Etats de la rive sud, dont l'Algérie. Des projets régionaux d'un coût total de 2 milliards de dollars avaient alors été identifiés pour un lancement en fanfare de cet groupement. La dépollution de la Méditerranée, la construction d'autoroutes maritimes et terrestres, le développement de l'énergie solaire…, étaient autant d'opérations inscrites au programme global qui devait être rapidement mis à exécution. Les analystes avaient en outre relevé, qu'entre autres objectifs, ce vaste ensemble tendait à positionner Israël dans le cadre euro-méditerranéen pour, dans une première étape, entrevoir les «possibilités de normalisation» de ce pays avec les Etats de la région sud-méditerranéenne. Dans une perspective de paix partagée dans le respect des droits légitimes de tous les peuples de cette région. Une tuerie à ciel ouvert Cette louable intention n'a pourtant pas résisté aux ambitions colonisatrices d'Israël, à sa volonté d'extermination du peuple palestinien et à la propension de ses dirigeants à piétiner le Droit et la Loi, fussent-ils d'essence onusienne. La dernière vaste offensive militaire lancée par Israël contre la population civile palestinienne à Ghaza en est une atroce illustration. Trois semaines durant (fin décembre 2008-janvier 2009), l'Etat hébreu avait perpétré d'abominables massacres de femmes et d'enfants. Le bilan de cette tuerie s'est élevé, faut-il le rappeler, à 1450 morts, près de 6000 blessés et 1,9 milliard de dollars de dégâts matériels. Face à cette tuerie à ciel ouvert, les pays du nord de la Méditerranée ont dans leur quasi- majorité observé un silence assourdissant. Avant de se raviser et de condamner du bout des lèvres les opérations de destruction massive entreprises par Israël. Leur complicité avérée avec ce pays a de fait porté un coup fatal au projet d'union pour la Méditerranée qui avait déjà tant de mal à se mettre en place. A défaut et dans l'attente que tout le processus soit débloqué, si tant est que cela demeure encore possible, cet espace aux larges contours pourra toujours servir de scène de théâtre pour permettre à son promoteur, le président français Nicolas Sarkozy, de donner libre cours, «pour la frime», à son hyper activisme.