La dernière «sortie» du Syndicat autonome des pilotes d'Air Algérie n'est pas claire. Elle pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Les syndicalistes contestent le décret exécutif de 2002 qui rend caduc le protocole d'accord de 1993 et leur occasionne un surcroît de travail. Aujourd'hui, il leur est exigé de voler 10 heures par jour au lieu des 8 précédemment. La sécurité en prend un coup disent-ils. Un pilote fatigué peut être à l'origine d'un crash. Le syndicat autonome n'hésite pas à citer pour exemple, l'accident de l'avion cargo en Grande-Bretagne. Ou encore le pilote décédé d'une crise cardiaque, qu'ils attribuent à la surcharge de travail. Même le crash de Tamanrasset est exploité pour la circonstance. En opérant un zoom sur la situation réelle des pilotes de la compagnie nationale, on constate d'abord qu'ils ne sont pas si mal «logés». Pendant que le chômage bat son plein sur le marché international de l'aérien, des compagnies et non des moindres mettent la clé sous le paillasson, nos pilotes ont vu leurs salaires revus à la hausse en 2001. C'était à la faveur de la défection de plusieurs pilotes qui ont préféré voler sous les ailes de Khalifa Airways. Pour arrêter l'hémorragie, Air Algérie avait dû céder et augmenter de près de 100%, les salaires de ses pilotes. Aujourd'hui, l'aventure a tourné au vinaigre pour tous ceux qui avaient choisi Khalifa Airways. Ils sont restés sur le carreau après la faillite de la compagnie privée. Heureux qui, comme les pilotes, restés chez leur premier employeur. Le syndicat autonome a tout l'air de vouloir voler à leur secours en exigeant d'Air Algérie le renforcement des effectifs avec une priorité à donner aux nationaux. Quant à cette histoire de fatigue et de sécurité pour 10 heures de vol par jour, celle-ci ne tient pas la route pour la bonne et simple raison, qu'ailleurs, que ce soit en Suisse où les pilotes font jusqu'à 14 heures de vol par jour, en Tunisie où il n'y a aucune limitation ou encore au Japon où les pilotes sont aux commandes entre 13 à 15 heures par jour. De plus, chacun sait qu'un commandant de bord peut à tout moment refuser de voler si la sécurité l'exige. Dès lors, pourquoi en faire un sujet de débat public. Ceci sans compter que les assurances dont tout le monde connaît le côté tatillon, acceptent de couvrir nos pilotes avec la charge actuelle. Certains observateurs n'hésitent pas à accuser le Syndicat autonome des pilotes de rouler pour des desseins obscurs. Au moment où la concurrence ne parvient pas, pour le moment, à inquiéter la compagnie nationale, les menaces voilées des pilotes risquent de précipiter les événements. Si on veut pousser les passagers à emprunter d'autres compagnies, on ne s'y prendrait pas autrement. Et c'est le moment du pic des rotations qui est choisi. Notre Syndicat des pilotes ne devrait pas se tromper de cible. Son outil de travail lui est indispensable et les passagers ne méritent pas d'être pris en otage. Une lueur cependant. La direction d'Air Algérie nous apprend par la voix du directeur des ressources humaines, que nous avons contacté, que les portes du dialogue restent largement ouvertes. Après une rencontre ratée par le syndicat autonome le 24 juin dernier, une autre lui est proposée pour le 13 juillet prochain. «Nous espérons par le dialogue pouvoir convaincre et être convaincus», nous dira M.Oumeziane directeur des ressources humaines d'Air Algérie. Affaire à suivre donc.