Après que les Chinois aient conquis le marché cette fois, ce sont les nombreux «dentistes» syriens qui s'occupent des douleurs dentaires des Algériens. En effet, depuis un certain temps, les rues, les trottoirs et tout coin susceptible d'être propre à l'exercice de cette activité grouillent de ces nouveaux commerçants. Au chef-lieu de wilaya comme dans les différentes localités, le rush des «chirurgiens-dentistes» de nationalité syrienne défraie la chronique soufie et fait l'actualité dans toute la région. Ils pratiquent leur activité en toute liberté, sans le moindre souci. Quant à l'endroit où se fait la consultation ou l'extraction, il ne pose aucun problème : c'est là où le client se sent le plus à l'aise que la tâche est effectuée. Interrogés, des Soufis nous déclarent que «l'habileté de ce type de médecins nous pousse à les consulter». Et d'ajouter : «Ces dentistes soignent toutes sortes de pathologies buccales, des gencives aux maxillaires en passant par le blanchiment des dents. A la demande du client, ils peuvent aussi placer des prothèses transitoires ou d'usage, ou encore remplacer une dent manquante par un implant, sauf que le trottoir fait office de fauteuil traditionnel dont dispose un chirurgien-dentiste officiellement établi». Charlatanisme ou activité régulière ? Il appartient en effet aux autorités de trancher. Une chose est sûre, c'est que ce nouveau commerce florissant a transformé les coins des rues de cette belle région en une véritable «clinique ambulatoire». Ils ont aussi recours au porte-à-porte. A ce titre, ils ne manquent pas de visiter les familles pour leur proposer différentes prestations à bas prix, et c'est ainsi que leur réputation s'est vite propagée sur tout le territoire soufi, car ils sontrès demandés à domicile au même titre que l'électricien ou le plombier du coin. D'aucuns nous indiquent qu'«ils offrent des prestations à des tarifs dérisoires, ce qui n'est pas le cas au niveau des cabinets des dentistes, d'autant qu'ils se servent des mêmes moyens et outils requis pour l'exercice du métier de chirurgien- dentiste». Toutefois, les Soufis n'accordent pas leurs violons sur cette activité jugée douteuse. Beaucoup de citoyens s'inquiètent de la situation qui, selon eux, pourrait sans ambiguïté générer des conséquences non souhaitables. Dans ce contexte, nombre de chirurgiens-dentistes se voient menacés dans leur source de vie par une concurrence bizarre venue d'ailleurs. En ce sens, un médecin exerçant son activité de longue date s'interroge : «De quel droit des personnes d'une nationalité étrangère ont-ils pu pratiquer une telle activité qui requiert nécessairement l'exercice dans un lieu propre ? Comment se fait-il que les dents des Algériens, source d'enrichissement pour ces pseudo-dentistes, soient arrachées sur les trottoirs ?» Au demeurant, les échos disent encore que les diplômes de ces «praticiens» sont délivrés par des centres de formation et non par des facultés de médecine dans lesquelles le principe du numerus clausus est fortement respecté. Somme toute, la dentisterie informelle commence à prendre de l'ampleur, d'où l'intervention des responsables de la santé publique est demandée pour éviter que d'autres disciplines médicales ne suivent la même voie.