Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La ville des Genêts ne souffre pas seulement de ses trottoirs squattés par les trabendistes qui exposent impunément et illégalement toutes sortes de marchandises, mais aussi de ses chaussées squattées par des gardiens de parkings sauvages installés de façon anarchique dans toutes les rues de la ville. «Il y a de quoi regretter d'avoir acquis un véhicule», disent bon nombre d'automobilistes priés à chaque mouvement de s'acquitter des 30, 40 ou 50 dinars qui ne répondent à aucune norme et qui ne correspondent à aucun texte de loi réglementaire. L'exaspération des propriétaires de véhicules est accentuée quand ils s'aperçoivent que certains «gardiens» de parking ne s'occupent même pas de façon sérieuse de la surveillance des véhicules qu'ils sont supposés garder, particulièrement quand il s'agit de jeunes adolescents insouciants qui se découvrent une vocation de gardien de parking, généralement au début de la saison estivale. Une occasion en fait pour se faire un petit pécule qui leur permettrait de se payer des vacances au bord de la mer. Il n'y a pratiquement aucun endroit de la ville des Genêts qui n'ait été épargné par ce phénomène, né dans le sillage de l'anarchie induite par l'insécurité des années quatre-vingt-dix. Aujourd'hui, dans la ville de Tizi Ouzou, même les ruelles sont squattées par les gardiens de parkings, à l'exemple des rues Khemisti, Sidi Maamar, Oubouzar, Acherfouche, les frères Aïmène où les stationnements des deux côtés de la rue laissent à peine un petit passage pour les véhicules en mouvement. Et gare à ceux qui s'obstineront à ne pas s'acquitter des droits de stationnement parce qu'il est déjà arrivé que des automobilistes récalcitrants soient carrément agressés physiquement ou que leurs véhicules subissent les foudres de ces gardiens qui, parfois, exigent d'être payés même si la voiture n'est garée que pendant quelques petites minutes. Des cas insolites dans ce domaine méritent d'être signalés. En face du portail d'entrée du CHU Nedir Mohamed de la ville de Tizi Ouzou, des gardiens du parking se sont permis d'occuper une deuxième voie de circulation pour disposer les automobiles en diagonale afin d'avoir le maximum de voitures à stationner. Les pouvoirs publics n'ont pas daigné intervenir pour récupérer au moins cette seconde voie de la chaussée au profit de la circulation automobile. A la rue qui jouxte la direction de la BNA, ce sont les trottoirs qui sont squattés par des jeunes gens toujours pour des raisons liées au nombre de véhicules. Le squat des trottoirs par ces gardiens de parking n'est pas propre à cet endroit de la ville puisque de nombreux autres trottoirs sont utilisés comme parkings, constituant une autre infraction à la réglementation, en plus de celle de l'activité illégale sur laquelle, déjà, les pouvoirs publics ferment les yeux. Des pouvoirs publics qui pensent juguler un peu, et même de manière provisoire le taux de chômage très élevé qui sévit dans la wilaya de Tizi Ouzou. Mais est-ce une solution fiable ? La réponse est évidemment négative et ce, pour les trois parties concernées par cette question dans la mesure où, si l'on analysait la situation de plus près, ce phénomène n'arrange ni les autorités, ni les automobilistes, ni même les gardiens de parking. Si les automobilistes sont saignés par le paiement de cette redevance à tout bout de champ et à chaque coin de rue, les pouvoirs publics ne récoltent rien de cette activité, pourtant lucrative. Pour les gardiens, la question est plus grave puisqu'ils ne disposent d'aucune assurance qui les protégerait d'accidents ou de maladies. Pis, après quelques années d'activité pour certains d'entre eux qui ont fait du gardiennage leur occupation à plein temps, ils n'auront aucun droit à une pension de retraite, surtout que certains d'entre eux sont des pères de famille. D'où la nécessité pour les pouvoirs publics de trouver des solutions dans des délais raisonnables. En finir avec la disette économique pour créer de la richesse et permettre à tous ces gardiens de parking de trouver un emploi stable et digne ou décider de réglementer cette activité de gardiennage de parking de façon à ce qu'elle apporte un plus à l'Etat, une couverture sociale aux gardiens de parking et une certaine souplesse pour les automobilistes. Cela en plus de la réalisation que l'Etat a inscrite de parkings à étages qui vont, à coup sûr, désengorger la ville des Genêts souffrant le calvaire des encombrements et des stationnements anarchiques.