Le Conseil national des assurances (CNA) vient de dévoiler la note de conjoncture du marché des assurances du premier trimestre de l'année en cours, dont le secteur des assurances à réalisé un chiffre d'affaires estimé à 21,4 milliards de dinars (non compris les acceptations internationales de la CCR) alors qu'il était de 20,4 milliards de dinars à la même période en 2008, soit une progression de 4,9%. La branche automobile affiche ce trimestre une hausse de 23,2% (18% au premier trimestre 2008), près de 82% des primes de l'assurance automobile, soit 8,4 milliards de dinars, correspond à la couverture des garanties facultatives. Leur chiffre d'affaires est en hausse de 25%, alors que la garantie de responsabilité civile a connu une hausse moindre, 16%, due en grande partie à l'augmentation du tarif RC obligatoire (15% au 31 mars 2009). Cette hausse qui a induit une évolution du chiffre d'affaires de la garantie «dommage-collision» (dont la prime est indexée sur la prime RC) a eu une incidence sur le chiffre d'affaires de la branche estimée à quelque 4 points de croissance supplémentaires. Durant ce premier trimestre, la vente de véhicules neufs a connu une hausse de 18,7% comparativement à la même période de 2008, renforçant ainsi le chiffre d'affaires de l'assurance automobile, et plus particulièrement des garanties facultatives, notamment celles prescrites dans le cadre de l'octroi d'un crédit automobile. Ce marché en évolution, non freiné par la taxe ni par le recul des crédits à la consommation pourrait cependant reculer dans l'avenir (les importations de véhicules ont baissé durant ce trimestre, -7,6% par rapport au premier trimestre 2008).Les principaux indicateurs en matière d'accidents de la route affichent, à la fin de ce premier trimestre, une hausse du nombre d'accidents (+2,9%) par rapport à la même période de 2008. Le nombre de blessés (13 814) a connu une stabilité, alors que le nombre de tués (951) a marqué une baisse de 2,7%. Parallèlement, la fréquence des sinistres déclarés aurait connu une hausse plus importante de l'ordre de 7% ce trimestre, liée à la fois aux sinistres matériels et corporels. Il faut signaler que les sinistres matériels représentent 95% (en nombre de déclarations ou de règlements), et 63% (en montant des règlements) du total du sinistre de la branche (chez le leader notamment qui détient 37% du marché automobile au premier trimestre). Cette catégorie qui regroupe des risques hétérogènes présentant de fortes variations en termes d'évolution du chiffre d'affaires selon les types d'activités concernés, a connu globalement une baisse du chiffre d'affaires de 10,4% comparativement au même trimestre de l'année précédente (+36%). Cette baisse provient essentiellement de la «contre-performance» de la branche incendie des risques industriels qui détient plus de 60% du chiffre d'affaires de la branche IARD, et qui a marqué une baisse de près de 7%, expliquée essentiellement par le décalage dans la souscription des contrats de Sonatrach (prime enregistrée au premier trimestre de 2008 pour une année, au premier trimestre 2009, la prime enregistrée correspond à une période de 6 mois, le renouvellement en 2009 étant prévu pour le troisième trimestre de l'année). Hors contrat Sonatrach, la branche a connu une hausse de plus de 25%. La branche «Engineering» a également enregistré une baisse de 24% du fait du retard accusé dans la concrétisation de certaines affaires importantes liées en grande partie au programme d'investissement public. Les deux branches Incendie et Engineering, qui constituent l'essentiel des risques industriels, détiennent près de 80% du portefeuille de la branche IARD. Par ailleurs, les autres branches connaissent également une évolution, en particulier -40% pour la branche «Responsabilité civile générale», -18% pour la branche «Catastrophes naturelles CAT NAT» (qui détiennent chacune près de 5% du portefeuille de la branche IARD), plus de 15% de hausse pour les garanties vols, Bris de glace et des dégâts des eaux. Il faut noter que l'assurance contre les catastrophes naturelles, en dépit de son caractère obligatoire instituée dès 2004, ne semble pas avoir eu les effets escomptés, et cela, malgré les sinistres enregistrés en 2008, qui ont occasionné des dégâts considérables entraînant en principe un engouement de la population à contracter cette assurance. 10% de baisse dans le secteur des transports La branche «Transport» a enregistré durant le premier trimestre 2009 une baisse de 9,9% qui s'explique essentiellement par la forte diminution de la production en assurance «corps aérien», du fait du décalage dans la comptabilisation de la prime du contrat «Air Algérie». Cette baisse a cependant été amoindrie par l'évolution du chiffre d'affaires de l'assurance du transport maritime : +16% dans la branche «Corps de navires» et +4% de la production en assurance du transport de marchandises par voie maritime, qui représente près de 60% de l'assurance transport. La hausse de 4% du chiffre d'affaires en «facultés maritimes» ne semble pas suivre celle, plus importante, du volume des importations qui a connu au premier trimestre de 2009 une augmentation de 17,8% par rapport aux résultats du premier trimestre 2008. Cette situation pourrait s'expliquer d'une part par le report lors des émissions de polices importantes en transport de facultés en rapport avec les projets d'investissements initiés par les pouvoirs publics. D'autre part, la sous-tarification des risques, induite par le jeu de la concurrence aurait également un impact sur le niveau des primes afférentes à cette branche. Une hausse estimée à 65,3% dans l'agriculture Les assurances agricoles ont enregistré ce trimestre une hausse de 65,3% due à la forte évolution en production végétale, qui représente près des deux tiers du chiffre d'affaires de la branche.L'octroi du crédit «RFIG» aux producteurs céréaliers, qui doivent contracter une assurance pour couvrir les différents risques de leurs activités et récoltes, notamment contre les incendies et les catastrophes naturelles, conjugué à une incitation majeure, à savoir l'augmentation du prix d'achat des céréales par l'OAIC poussant les agriculteurs vers la céréaliculture, auraient commencé à avoir un impact positif sur le chiffre d'affaires de la branche. Avec une part de 8% du chiffre d'affaires total du marché et une hausse de 6,8% par rapport à la même période de l'année précédente (+24% en 2008), les assurances de personnes n'ont contribué que pour 3,5% à la production additionnelle du secteur.La croissance de la production de l'assurance groupe commence modestement l'année (+2%) alors que les assurances prescrites par les banques (assurance «remboursement crédit») ont connu une hausse plus importante de 11%. Ces deux branches constituent l'essentiel du portefeuille de la branche des assurances de personnes et ont détenu sur ce trimestre 44% et 41% de parts respectivement. Le chiffre d'affaires de la branche qui comprend l'assurance crédit à l'exportation et l'assurance crédit interne (SGCI, CAGEX et CAAT essentiellement) est globalement en baisse de 33,6% durant ce premier trimestre. Ce recul de l'activité provient avant tout de la baisse constatée dans la production de l'assurance du crédit à la consommation du fait du non-renouvellement de conventions arrivées à échéance avec certaines banques. L'assurance du crédit à l'immobilier a connu par ailleurs un ralentissement de la production (+2%). Il faut signaler que le crédit aux particuliers qui compte le crédit immobilier et celui conçu à la consommation a représenté un montant de 250 milliards de dinars en 2008, soit environ 10% des engagements des banques de la place. Ce pourcentage pourrait diminuer suite aux nouvelles orientations qui contraindraient les banques à revoir leurs critères d'octroi des crédits à la consommation. Cette situation entraînerait une baisse du chiffre d'affaires de cette assurance, déjà en détérioration, ainsi que de celui des assurances des branches «automobile» et «assurances de personnes» (garantie décès) qui constituent des préalables à l'octroi de crédits par les banques. Structure par branche : «l'automobile» et l'«IARD» détiennent 85% du marché Suite à la baisse du chiffre d'affaires de la branche IARD et la forte hausse enregistrée par la branche automobile, la structure de la production du secteur des assurances se trouve modifiée : la branche automobile qui a enregistré plus de 7 points de pourcentage supplémentaires et se retrouve ainsi à la première place, au détriment de la branche IARD qui perd 6 points détenant ainsi 36,7%, les branches «automobile» et «IARD» détiennent à elles seules 85% du marché des assurances. Dans une moindre mesure, la branche «Transport» qui a marqué une baisse de 10% a perdu 1 point de pourcentage par rapport à la même période de 2007 passant à 5,9%. En revanche, les autres branches se maintiennent avec les mêmes poids qui ne dépassent pas 1%. Le secteur privé marque des points Les entreprises publiques se retrouvent avec 77% de parts de marché contre 79% au premier trimestre de 2008. Cette baisse est essentiellement due à la perte de parts de marché de la CASH (en raison de la baisse de la production en incendie du fait du décalage dans l'enregistrement du contrat de Sonatrach). La part des entreprises privées s'en trouve ainsi augmentée pour atteindre près de 23% de la production globale du trimestre contre 20% en 2008.