Si à présent tous les Américains savent comment leur drapeau flotte sur la lune depuis plus de quarante ans, ils sont de plus en plus nombreux à ne pas savoir si leur président sera capable de tenir ses promesses électorales. A peine le vent de l'Obamania retombé que le doute s'installe. Il y a ceux qui pensent que le locataire de la White House s'est attelé à trop de tâches et qu'il pourrait bien s'emmêler les pinceaux. D'autres qui estiment qu'il a ouvert trop de fronts à la fois et trop tôt. Quant au pourcentage d'Américains qui ont cru en un sauvetage de l'économie par le providentiel Obama, une dégringolade de 19 points a été enregistrée sur l'échelle des espoirs d'avant la présidentielle. Déjà révolu le temps où Obama faisait rêver les foules juste en assommant une mouche en direct à la télé ou en foulant la pelouse d'un terrain de base-ball en pantalon flottant ? Le «sauveur» n'a pas réussi à redresser General Motors et peine aujourd'hui à faire voter au Sénat le projet de réforme de l'assurance maladie, son engagement phare avant son entrée officielle à la Maison- Blanche. Les pieds dans l'eau, les sénateurs ont préféré des vacances tranquilles que de s'encombrer d'un texte sur lequel ils ne sont pas tous d'accord. «Cela ne me pose pas problème», a répliqué Obama. Au final, mieux vaut une copie propre qu'un brouillon. Si, évidemment, le contretemps n'est pas dû à des raisons purement politiques. La question est à poser aux sénateurs républicains qui l'attendent au premier tournant. S'ils sont une poignée à ne pas aimer sa façon de taper sur la police dans l'affaire de l'arrestation d'un imminent professeur noir à Harvard, ils étaient plus nombreux à critiquer à voix basse Obama quand il s'était essayé à bousculer les lobbys juifs. Il est de pure contradiction de déclarer l'alliance américano-israélienne indestructible puis de hausser le ton contre la politique expansionniste du gouvernement Netanyahu. Celui-ci aurait tout à fait le droit de défier Washington sur la question des colonies, ses frères d'Amérique constituent le plus important électorat dans la sphère démocrate. Que le président américain s'occupe des réformes qu'il compte conduire jusqu'au bout, le colon en chef est tout à fait en mesure d'espérer la paix dans les mois, sinon dans les années à venir. Cette largesse dans le temps profitera-t-elle à Barack Obama qui tenterait le diable pour repousser la foudre des sénateurs républicains dont les accointances avec la «juiverie locale» ne sont plus à prouver ? L'espoir fou de Netanyahu servirait d'abord les intérêts de l'Etat hébreu qui craint que l'actuelle administration américaine ne se mette à serrer les vannes. Des restrictions budgétaires américaines ne sont pas les bienvenues en ce temps de crise financière mondiale. Dans ce jeu de «je te tiens par la barbichette», le président Obama trouvera-t-il le juste milieu, histoire de ne pas décevoir les Américains et de ne pas trahir l'alliance ancestrale qui lie l'Oncle Sam à l'Etat hébreu ? Sa décontraction naturelle qui lui a permis de passer le cap des 100 jours ne sera plus de nature à le prémunir contre de massives attaques de ses adversaires. Passé les frontières du réel, il lui faudra le talent d'un équilibriste pour marcher sur la corde raide. Il devra prier pour qu'elle ne casse pas à l'automne prochain. Désormais, il n'y a pas que l'équipe d'Endeavour qui doit revenir sur terre.