Yacine Zaïd, Merzoud Amar, Ali Noua ainsi que d'autres membres de la section syndicale de l'Union générale des travailleurs algériens à Eurest support services Algérie, filiale de Compass Group, sous-traitant la restauration et l'hébergement des salariés des multinationales basées à Hassi Messaoud, au sud de l'Algérie, ont été licenciés arbitrairement par la direction de cette compagnie depuis plus de deux ans.Leur seul tort, c'est d'avoir créé une section syndicale et dénoncé les mauvaises conditions de vie et de travail des salariés algériens. Tout a commencé en 2006, lorsque des ouvriers ont décidé de créer un syndicat pour «défendre leur dignité et améliorer leurs conditions de travail» au sein de cette compagnie, initiative qui n'a pas été du goût de cette dernière. Elle a usé de tous les moyens de «pression» et d'«intimidation» pour contrecarrer ce mouvement qui a été soutenu par 1300 travailleurs sur un total de 1800. En 2007, le groupe Compass a décidé de suspendre Yacine Zaïd, secrétaire général de la section syndicale, soit six mois après la suspension de Merzoud Amar, chef cuisinier qualifié. Depuis, ces syndicalistes sont livrés à eux-mêmes. «Ni les autorités algériennes ni la centrale syndicale n'ont bougé le petit doigt», regrettent-ils. «J'ai pu avoir quatre audiences avec le secrétaire général de la centrale syndicale. A chaque reprise, il me donnait des doses d'espoir quant au règlement de mon problème avec Eurest, mais tout cela est resté au stade des promesses», s'indigne Yacine Zaïd lors d'une conférence de presse organisée hier au siège de la maison des syndicats sise à la Glacière (El Harrach). C'est pour cette raison qu'il a eu recours au net pour dénoncer «cette injustice imposée par des employeurs étrangers aux travailleurs algériens sur le sol algérien». Il a créé son propre site internet où il mène une véritable campagne contre la multinationale qui continue à le harceler, même après son licenciement abusif. Chaque jour, le site est alimenté par des articles, des lettres, des documents, des images, des vidéos dénonçant cette multinationale. Une des vidéos est particulièrement remarquable. Elle lui a valu une poursuite judiciaire de plus par cette compagnie. Intitulée «Le Guantanamo des multinationales dans le Sud algérien» et d'une durée de 8mn41, la vidéo est diffusée sur le site internet du syndicaliste ainsi que sur Youtube et Facebook. En fait, la vidéo montre alternativement des photos utilisées dans les brochures de la multinationale, des documents juridiques et d'autres administratifs, des articles de journaux et des dortoirs ainsi que des sanitaires dans un état déplorable. Depuis, il ne cessait pas d'être harcelé et de recevoir des menaces genre «Même si nous sommes chez toi, nous pouvons t'écraser si tu tentes de toucher à notre image de marque». Ces syndicalistes, qui n'ont pas «d'autre espoir que la presse, se disent déterminés à poursuivre leur combat jusqu'au bout. «Notre seul souci est de réintégrer nos postes et de pouvoir exercer notre droit syndical», clament-ils.