La maison d'édition Nounou, au savoir-faire avéré, s'est lancé un nouveau défi. Difficile, certes, mais combien satisfaisant. Elle innove en publiant de la poésie. C'est la première éditrice à ouvrir ses portes aux férus des vers, elle qui a longue expérience dans la parution d'ouvrages, de guides et de revues enfantines. Qui ne se souvient pas du magazine Nounou qui a fait le bonheur de la gent enfantine à une certaine période ? La poésie boudée par les éditeurs Rappelons que la poésie est un créneau non porteur que tous les éditeurs boudent.Pour l'éditrice Nora Adjal, l'essentiel est de donner la chance à tous ces amoureux de la poésie. Elle même appréciant ce genre littéraire, elle exhorte les poètes par cette initiative heureuse et intéressante. Dans sa collection «Envolée poétique», quatre nouveaux crus locaux présentés dans un coquet coffret blanc et rouge viennent de paraître en ce mois de juillet : Anissa Kendil avec son recueil Paroles de feu, Dalila Boumghar avec Dans la tourmente, Amalou Abderrahmane avec Des mots et des maux (et en anglais également) et Hakim Metref avec Mémoires d'un cœur. Chacun selon ses impressions et ses états d'âme a rendu à travers de belles odes ses coups de cœur et ses coups de gueule. A la sensibilité à fleur de peau et à la réflexion profonde, Anissa Kendil transmet une vision synoptique de l'Algérie plurielle et de la situation de la femme. Ses poèmes mâtinés d'espoir et souvent drapés de découragement racontent notre pays avec ses problèmes et incohérences, mais aussi avec ses espérances. Dalila Boumghar s'attelle à raconter le monde à travers un prisme de beauté, de paix et de liberté ; elle dit la démesure, la barbarie et l'absurdité humaine. Abderrahmane Amalou dévoile ses sentiments de ce monde dur qui enserre dans un carcan de tabous, de doutes et d'incertitudes. Dans Mémoires d'un cœur, Hakim Metref évoque ses impressions multiples face à des évènements personnels et fustige l'animosité, l'infidélité et la dureté de ce monde. A travers ces innombrables poèmes émanent beaucoup de douleur et de désespoir face aux évènements cruels qui secouent des aires géographiques et une partie de l'humanité. Peut-on être poète et rester insensible à tant de souffrances ? Elle permet de transcender et de magnifier le quotidien. Cette citation d'André Breton est à méditer : «L'amour, la poésie, c'est par ce seul ressort que la pensée humaine parviendra à prendre le large.»