Expression n Ces poèmes véhiculent fureur, déchirure, souffrance, meurtrissure, mais aussi paix, silence et sérénité. Paroles de Feu est l'intitulé du recueil de poèmes paru aux éditions Nounou et dans la collection Envolée poétique. Ces poèmes, écrits par Anissa Kendil, paraissent tels des paroles tantôt douces et élégantes, tantôt violentes et rebelles, des paroles prenant chacune leur source dans «la sensation du quotidien fugitif». Ces poèmes descriptifs et porteurs d'une forte charge émotionnelle – tout comme dans chaque poésie inspirée et soignée – nous font voir une réalité vécue et partagée des expériences personnelles – ici, les poèmes que la poétesse compose et conjugue au temps de son quotidien et au rythme de toutes ces choses qui en résultent et qui l'exaltent, la transportent ou bien qui pèsent sur son tempérament parlent d'amour, d'amitié, de promesse, de soif et de passion. Ils parlent aussi de fureur, de déchirure, de souffrance, de meurtrissure, tout comme ils parlent également de paix, de silence, de sérénité, d'espoir et de rêves – et, en même temps, ils nous font ressentir une certaine sensibilité que la poétesse va puiser au plus profond de son âme. Le tout se dit dans un langage poétique, celui du cœur et de l'émotivité, c'est-à-dire de l'intériorité. La parole que l'auteur se donne, prend alors des envolées lyriques. La poésie de Anissa Kendil se présente comme une topographie de sa mémoire, une géographie de ses souvenirs, une représentation de ses impressions et une illustration de ses sentiments. Une architecture de mots que la poétesse s'emploie à illustrer à travers images et reflets. La poésie apparaît comme un miroir, miroir à travers lequel se reflétent et la sensibilité de l'auteur et sa psychologie. Pour dire ces poèmes dans leur intensité et leur clairvoyance, l'auteur s'est certes appuyée sur une conjoncture qu'elle a vécue à travers diverses expériences personnelles, bonnes ou mauvaises, expériences dont elle s'est profondément inspirée parce que ce quotidien l'avait marquée, mais sa parole vive et pénétrante ne se limite ni à sa propre souffrance et tristesse, ni même à l'espace où ses poèmes ont pris forme et se sont cristallisés en mots. C'est-à-dire ce n'est pas une poésie personnelle, isolée et spécifique, voire individualiste. Se disposant et se construisant hors de toute idéologie individuelle et cela en dépit de son contenu relevant parfois de l'égotisme, ses poèmes revêtent néanmoins une portée universelle. Ils prennent leur envol vers l'Humain et ses préoccupations existentielles. Ils tendent vers l'universalité. Entretien express avec l'auteur InfoSoir : Pourquoi avoir choisi la poésie et non pas la prose pour dire votre sensibilité ? Anissa Kendil : Le travail sur l'écriture à partir de la prose est plus élaboré. Il nécessite un espace scriptural littéraire plus long. Bien que je pratique ce mode d'écriture dans mon journal intime, il m'arrive souvent d'être comme prise d'une inspiration soudaine qui obéit à une seule idée qui est transcrite par le poème. Que représente pour vous la poésie ? La poésie pour moi est l'expression la plus profonde et la plus personnalisée d'une sensibilité, mais qui est exacerbée par la réalité qui nous entoure. La définition serait une sorte de moment privilégié ou un état de grâce qui dévoile les sentiments les plus authentiques. Parlez-nous du choix du titre. J'ai choisi ce titre pour accompagner l'atmosphère générale qui se dégage de ce recueil, à savoir ce sentiment de passion qui est le plus approprié au mot feu. Par ricochet, le feu, c'est aussi les braises incandescentes de la mémoire. Ces petites luminosités qui éclairent notre âme lorsqu'on est plongé dans une obscurité totale. Quelle est votre source d'inspiration ? Ma source d'inspiration est le réel qui, lui, est en relation avec des réminiscences du passé. Je transfigure en quelque sorte à travers la musicalité du vers un lointain souvenir à partir d'une idée présente. Mon inspiration et partout où la réalité m'interpelle. Votre poésie parle-t-elle de vécu ? Il est quasiment impossible de dire qu'une poésie quelle qu'elle soit est la transcription parfaite d'un vécu. Parce qu'avec l'écriture poétique, il y a tout un travail qui exerce l'imaginaire du poète sur une réalité donnée. Le poète le plus inspiré est celui qui arrive à trouver, dans la consonance rythmique de vers, l'expression la plus idéalisée d'un sentiment – ou d'une idée.