Le nouveau secrétaire général de l'Otan, Anders Gogh Rasmussen, a pris ses fonctions hier et annoncé aussitôt ses objectifs à la tête de l'Alliance atlantique pour les quatre prochaines années. La priorité de l'Alliance atlantique sera l'Afghanistan. Cette stratégie est celle que les Etats-Unis ont déjà annoncée, au sommet de l'Otan à Strasbourg en mai dernier, sans pouvoir convaincre tous leurs alliés de la nécessité d'envoyer de nouveaux renforts dans le «fief» des talibans. Barack Obama, lui, n'a pas eu d'autre choix que de décider de redéployer dans ce champ de bataille les troupes américaines en Irak. Des pays comme l'Espagne qui ne semblent pas chauds pour s'impliquer davantage dans une aventure militaire coûteuse en vies humaines appuient, avec certaines réserves, la stratégie du président américain. Pour ne pas faire figure d'ingrats, ils ont accepté l'envoi de missions militaires dans ce pays asiatique avec pour seul objectif de garantir le succès des élections présidentielles du 20 août prochain.Il faut donc dire que l'Otan n'a pas fait le tour de la question afghane dont le traitement militaire est plus que jamais une condition nécessaire mais pas suffisante. Barack Obama, dont la stratégie pour l'Afghanistan est autrement plus souple que celle de son prédécesseur, n'a pas encore trouvé d'échos favorables à son initiative d'associer au processus de paix dans ce pays les régimes modérés d'Asie centrale, y compris les talibans modérés. Pari difficile, à un moment où le champ d'action des talibans radicaux s'étend à l'ensemble du pays. Enlisement en Afghanistan, Al Qaïda se redéploie Hier, des roquettes, au moins une dizaine, sont tombées sur Kaboul. L'image de cette pluie de projectiles lourds et destructeurs rappelle le siège de Phnom Penh, la veille de la chute du régime de Lon Nol au Cambodge, en avril 1974. Le président Gerald Ford ordonnera aussitôt le retrait des troupes américaines de ce pays du sud est asiatique, puis une année plus tard du Vietnam. Aujourd'hui, les événements en Afghanistan semblent s'orienter dans le même sens. Les talibans perdent beaucoup d'hommes sur le champ de bataille, mais leurs attentats et attaques à la roquette font des dégâts que les armées impliquées dans cette guerre ne sont pas en mesure de supporter longuement. Si le rapport de force demeurait en l'état, autrement dit moins de motivation pour les armées alliées d'envoyer plus de troupes, alors qu'en face on n'éprouve aucune difficulté à enrôler des volontaires convaincus ou endoctrinés, et à s'approvisionner en armement lourd des plus sophistiqués, la situation risque d'empirer là-bas et ailleurs. C'est-à-dire là où Al Qaïda a déjà des bases, en Irak, en Somalie, en Afrique du Nord et au Sahel, «terre de personne», où la nature a horreur du vide. Les événements actuels dans le nord du Nigeria entre communautés musulmane et chrétienne, apparaît comme une occasion rêvée pour l'organisation de Ousama Ben Laden d'y ouvrir un front. Face à la stratégie de l'Otan, centrée sur l'Afghanistan, il y a donc celle du terrorisme international qui a pris une envergure planétaire. Pas seulement au Sahel, au Maghreb, zone où le terrorisme est en train de subir les coups les plus sévères de l'armée algérienne, mais également dans la Corne de l'Afrique, au Pakistan, voire dans les contrées asiatiques les plus lointaines. Le dialogue avec les pays de la Méditerranée, la question palestinienne et les… talibans Le nouveau secrétaire général de l'Otan, ex-premier ministre danois, particulièrement critiqué dans le monde musulman pour son soutien aux caricatures de journaux de son pays contre notre Prophète Mohamed (QLSSSL) ne bénéficie pas d'un préjugé favorable dans beaucoup de pays musulmans. Il a cependant des arguments solides en main dans la mesure où le Danemark est très certainement,le pays qui a le plus fait pour promouvoir la cause palestinienne sur la scène internationale. Un processus qui devait aboutir aux Accords de paix d'Oslo obtenus grâce à l'habile action diplomatique de Abou Mazen, l'actuel président palestinien. L'ex-premier ministre danois est donc bien placé pour influer sur le cours du processus de paix israélo-palestinien que se propose de relancer le président Barack Obama, sans succès jusque-là en raison du jeu politique controversé de la diplomatie israélienne. Hier, il a annoncé que le dialogue de l'Otan avec les pays de la Méditerranée dont l'Algérie, représente une priorité pour l'Alliance atlantique. L'Otan a ici, en effet, un rôle primordial à jouer pour que le processus de pays reprenne sur les bases qui sont celles de la «Feuille de route» et aboutisse à la création de deux Etats, l'un palestinien, l'autre israélien, vivant côte à côte. Si un tel objectif est atteint, alors le problème taliban sera moins difficile à négocier.