Le nouveau secrétaire général de l'OTAN, le Danois Anders Fogh Rasmussen, s'est fixé hier deux priorités : empêcher l'Afghanistan de « redevenir une plaque tournante du terrorisme international » et relancer les relations, toujours tendues, avec la Russie. Après plus de sept an à la tête du gouvernement danois, ce libéral de 56 ans, fidèle allié des Etats-Unis, avait été désigné en avril secrétaire général de l'OTAN pour quatre ans. Il donnait hier sa première conférence de presse au siège de l'alliance à Bruxelles, quelques heures après en avoir pris la tête et alors que celle-ci est confrontée à une recrudescence de la violence en Afghanistan à l'approche des élections présidentielles et provinciales du 20 août. Il succède au Néerlandais Jaap de Hoop Scheffer. Quelque 90.000 soldats étrangers sont actuellement déployés en Afghanistan pour lutter contre l'insurrection des talibans opposés au gouvernement du président Hamid Karzaï. A l'approche des élections, les militants islamistes ont renforcé leurs attaques. Leur dernier attentat à la bombe, hier, a tué douze personnes à Herat, dans l'ouest du pays. Soixante-quinze soldats étrangers ont été tués le mois dernier, ce qui fait de juillet le mois le plus meurtrier pour les troupes étrangères depuis l'invasion menée par les Etats-Unis, selon le site indépendant www.icasualties.org. « Au cours de mon mandat, j'espère que nous parviendrons à aider les Afghans à prendre en charge leur sécurité (...), mais que cela soit clair pour les talibans, cela n'est en rien une stratégie de sortie », a-t-il insisté hier. « l'OTAN ne se prépare pas à partir. » Madeleine Albright, la tête pensante « Nous resterons en soutien aussi longtemps que cela sera nécessaire », a-t-il assuré, en refusant d'évoquer un calendrier de retrait. « L'effort doit être international, militaire et civil, avec une plus grande part de l'effort faite par les Afghans eux-mêmes », a-t-il insisté, soulignant également le rôle de l'UE et celui des ONG. Il n'a pas évoqué l'idée d'un dialogue avec les talibans « modérés », comme il l'avait fait dans un journal danois ce week-end. Les relations entre l'OTAN et la Russie seront une autre de ses priorités au cours de son mandat. « Je ne suis pas un doux rêveur. Il y aura des sujets fondamentaux sur lesquels nous ne serons pas d'accord », a-t-il reconnu, citant la Géorgie. « La Russie doit remplir intégralement ses obligations internationales, y compris en respectant l'intégrité territoriale et la liberté politique de ses voisins », a-t-il averti, preuve que les divergences d'opinion avec Moscou sur le conflit russo-géorgien d'août 2008 demeurent. « Mais ces différences ne doivent pas cacher le fait que nous avons des intérêts sécuritaires communs », comme la lutte contre le terrorisme, a-t-il répété, en assurant que l'OTAN « n'est pas un ennemi de la Russie ». M. Rasmussen a également salué le « plein retour de la France dans les structures de l'OTAN », estimant que cela pourrait faciliter un renforcement des liens Otan-UE. Dans les prochains mois, il s'attaquera à la définition du nouveau « concept stratégique » de l'alliance, en tâchant d'y associer le plus largement possible les citoyens des 28 Etats membres. Il a annoncé avoir désigné un groupe de douze personnalités conduites par l'ancienne chef de la diplomatie américaine Madeleine Albright pour mener cette réflexion, dont les résultats seront présentés lors du prochain sommet de l'OTAN prévu à Lisbonne, au Portugal. « La défense collective reste au cœur de la tâche de l'OTAN, mais n'est pas incompatible avec des missions en-dehors de sa zone traditionnelle, comme en Afghanistan », a-t-il assuré à titre personnel.