Créé en 1992 par SOS Kinderdorf International, SOS Village d'enfants de Draria ne cesse de grandir. La même année, un jardin d'enfants voit le jour, puis, dans la foulée, deux maisons encadrées ont été installées pour abriter 20 adolescents, filles et garçons. Celle destinée aux garçons a été mise en place en 1998 et celle des filles en mars 2001. Aujourd'hui, ce haut lieu exclusivement dédié aux enfants abrite 12 maisons familiales et 5 appartements encadrés pour la prise en charge de 139 enfants, dont 54% sont des vrais frères et sœurs. Chaque enfant a sa place dans une famille, une option qui synthétise toute la démarche globale de SOS Village d'enfants sur sa première mission, qui consiste à donner une famille à chaque enfant démuni et l'aider à bâtir son avenir. Ces enfants vivent dans une maison familiale de 0 à 15 ans. De 15 à 19 ans, ils sont placés dans des appartements encadrés par une éducatrice ou un éducateur spécialisé. Au-delà de 19 ans, ces jeunes sont logés dans des appartements indépendants jusqu'à l'âge de 25 ans. Avec la cherté de la vie et la baisse du pouvoir d'achat des Algériens, la direction de ce village ainsi que les «mères de famille» trouvent toujours des solutions de rechange pour prendre en charge «leurs enfants» et leur offrir une vie descente. Les fonds et toutes les ressources sont utilisées avec prudence et à bon escient. Combien coûte la prise en charge d'un enfant ? Le coût de la prise en charge d'un seul enfant au sein du Village de Draria varie d'une catégorie à une autre. Il est évalué entre 6000 et 9000 DA par mois. Les dépenses pour un enfant non scolarisé coûtent à la direction du village 6000 DA par mois si l'on prend en compte les frais de son alimentation, son hygiène, son habillement ainsi que les frais des consommables et communautaires. La prise en charge de l'enfant scolarisé coûte par contre plus cher. En effet, aux dépenses déjà citées, s'ajoutent les frais de la scolarité et des loisirs qui s'élèvent approximativement à 2000 DA. Ce qui ramène le chiffre à 8000 DA par mois. Quant à la prise en charge des jeunes de plus de 15 ans, elle est encore plus chère par rapport aux deux premières catégories. Le coût est estimé à 9000 DA sans incidences de logement, car les jeunes de plus de 19 ans sont logés dans des appartements indépendants en dehors du village, que loue l'association. Ces dépenses restent quand même importantes. Si ce n'est les différents dons que «récolte» le village, il aura été difficile de satisfaire aux besoins de tous les enfants. Dans une famille algérienne moyenne de 5 membres composée des deux parents et trois enfants à titre d'exemple, la prise en charge de ces derniers reste «incertaine» vu la cherté de la vie à laquelle ne peut hélas faire face le salaire national minimum garanti (SNMG) qui est de 12 000 DA. Plus de 50% des dépenses de l'association vont directement à l'enfant, alors que le reste est réparti entre les frais de formation du personnel qui sont de 4%, les frais d'administration, qui sont de plus de 5%, ainsi que les charges salariales, estimées à 28%. Quant aux ressources de l'association, elles proviennent généralement des dons locaux ou internationaux. Les dons en argent sont de 20,33% pour l'exercice 2008, les dons en nature sont de 18,98%. Les fonds recherchés sont estimés à 25,45%. Quant aux aides qui proviennent des parrains internationaux, elles sont de plus de 21%. Les aides du gouvernement, quant à elles, sont très minimes. Elles ne sont que 0,36%. Des enfants heureux, gais… et bien éduqués «Notre objectif, ce n'est pas d'accaparer les enfants mais c'est de les prendre en charge lorsqu'ils sont en difficulté et de les réinsérer dès que possible dans leurs familles biologiques», nous a indiqué le représentant du SOS Kinderdorf International en Algérie et patriarche du village, Ruot Gérard Aîssa. Et c'est dans ce cadre que l'association a, depuis 2005, instauré un programme de renforcement de la famille (PRS). C'est un programme préventif qui vient en amont pour aider les familles à supporter leurs enfants et éviter de les abandonner. Au premier contact avec ces enfants on croit qu'ils vivent chez leurs parents biologiques. Ils sont gais, heureux, spontanés et surtout bien éduqués. Toutes les commodités sont à leur disposition, y compris l'outil informatique. En effet, chaque maison est équipée d'un ordinateur. Les filles ne quittent pas le village sans diplôme La prise en charge scolaire est l'une des priorités de la direction du village car la préoccupation majeure de cette association est de former des adultes autodéterminés, capables d'assurer leur existence et de participer au processus de leur société. C'est dans cette optique que le patriarche du Village de Draria, Ruot Gérard Aîssa, veille est ce que ses filles se marient avec un diplôme et un poste d'emploi. «Je ne veux pas que mes filles se retrouvent un jour livrées à elles même si elles ne réussissent pas dans leurs vie de couple et c'est pour cette raison que je n'accepterai pas que mes filles quittent le village sans un diplôme universitaire ou de la formation professionnelle», nous a-t-il avoué. Les résultats obtenus cette année par les enfants scolarisés, tous cycles confondus, sont plus que satisfaisants. A l'examen du passage à la première année moyenne, le taux de réussite est de 100%. A l'examen du BEM, 50% des élèves ont eu leur brevet, alors qu'au bac, le taux de réussite est de 71,42%. Depuis la création du SOS Village d'enfants de Draria, un total de366 enfants ont bénéficié d'une prise en charge au sein de cette structure. 61% de ces enfants ont pu être réinsérés dans leurs familles biologiques.