Le mois sacré de Ramadhan, c'est dans moins de trois semaines. Il s'annonce d'ores et déjà «chaud». Le commun des citoyens redoute la hausse des prix, qui commence depuis quelques jours à être appliquée, comme à l'accoutumée. L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), par la voix de son secrétaire général, Salah Souilah, avoue son impuissance à faire face à la flambée des prix et accuse le marché parallèle et l'anarchie qui règne dans le secteur commercial, bien que, comme elle (l'UGCAA) l'a annoncé, «l'Algérie dispose d'un stock de produits alimentaires suffisant pour deux mois». La loi de l'offre et de la demande qui régit tout marché est donc «bafouée», selon Salah Souilah, qui s'exprimait hier lors d'une conférence de presse tenue au siège de l'UGCAA, par «l'anarchie qui règne dans les marchés» et le commerce parallèle qui ne laisse aucune marge de manœuvre aux commerçant «légaux», voués à toutes les gémonies. Même s'il tente de rassurer, chiffres à l'appui, que les prix vont demeurer globalement stables ou connaîtront une «infime» augmentation durant le mois de Ramadhan, le conférencier s'en remet à l'Etat pour «organiser le commerce de demain». «Il faut qu'on se mette tous autour de la même table pour trouver une solution par le biais des lois à instaurer pour un marché sûr», a-t-il déclaré, expliquant que même la presse doit être invitée «pour son rôle de sensibilisation». Interrogé sur la hausse des prix de divers produits alors qu'il a affirmé leur disponibilité, M. Souilah s'est contenté de dire que le marché est libre. Pour lui, c'est beaucoup plus l'informel, produit de la décennie noire, qui «tue le commerçant». L'impuissance de l'UGCAA est d'autant plus palpable que nombre d'intervenants, présidents des fédérations affiliées à l'union, entre autres, ont abondé dans le même sens. «Nous ne sommes pas responsables de cette situation», a affirmé un intervenant. Mustapha Achour, mandataire, dénonce «le laxisme de l'Etat, qui a laissé s'installer l'anarchie dans les marchés de gros», et les agriculteurs qui «imposent leurs prix», ainsi que les intermédiaires «informels». «Le marché est une bourse de valeur», a-t-il dit, indiquant qu'il ne peut pas vendre à perte. Il affirmera que beaucoup de commerçants ont songé à changer d'activité. Dans cette «équation à trois variantes», chacun essaie de «dégager la responsabilité» et de jeter l'anathème sur l'autre. Il n'en demeure pas moins que le citoyen, et c'est l'avis même des intervenants, est le plus grand perdant. Les assurances de l'UGCAA quant à la stabilité des prix pendant le mois de Ramadhan suffiront-elles pour tempérer les ardeurs des commerçants sans scrupule ? Le pain plus cher ? Interrogé sur les pénuries récurrentes de pain, le président du comité national des boulangers, Kalafat Youcef, a accusé expressément Sonelgaz, responsable, selon lui, de la fermeture de 40% des boulangeries (congé forcé). «Nous subissons des coupures fréquentes du courant électrique à raison de 3 à 4 fois par jours», a-t-il regretté, déclarant qu'en même temps, «les impôts ne s'arrêtent pas». Pour lui, il est impossible de travailler dans ces conditions. «Nous avons alerté Sonelgaz, qui affirme ne pouvoir rembourser nos pertes», a-t-il dit, ajoutant que le pain s'est vendu à 50 DA la baguette au sud du pays pour ces mêmes raisons. M. Kalafat a en outre indiqué que ces coupures ont provoqué des perturbations dans les congés annuels des boulangers qui, autrefois, s'organisaient de sorte qu'il y ait toujours des boulangeries ouvertes. «Le congé est un droit mais beaucoup ont préféré baisser rideau en attendant que ce problème se règle», a-t-il avoué. Il dénoncera dans la foulée l'augmentation conséquente des impôts «qui nous pénalisent grandement». interrogé par Le Temps d'Algérie sur les conséquences que ces problèmes peuvent avoir sur le prix du pain, l'orateur s'est contenté d'indiquer que «son prix est fixé par l'Etat», n'écartant pas ainsi une éventuelle hausse du prix du pain «qui sera disponible», a-t-il tenté de rassurer.